25 agents en CDD membres du service de nettoyage sont concernés par une réorganisation interne.
Le centre hospitalier de Narbonne a engagé, depuis septembre, une réorganisation de son service de bionettoyage, qui doit être effective en mars 2026. L’objectif annoncé par la direction : « Garantir un haut niveau d’hygiène hospitalière et libérer du temps soignant. » Les syndicats n’ont pas la même lecture. Dominique Lorenzo, secrétaire FO, dénonçait lors du dernier rassemblement social du 2 octobre : « C’est un plan d’économie. Ni plus ni moins. Il frappe un personnel qui a toujours répondu présent et, aujourd’hui, on leur dit au revoir pour passer cette prestation au privé. » Lumière sur ces remous.
Pour comprendre ce qui se passe au sein du centre hospitalier narbonnais, il faut remonter quelques années en arrière. L’actuel directeur, Richard Barthès, a pris ses fonctions en octobre 2017 et a hérité d’une situation comptable peu enviable, avec un fonds de roulement parfois plus proche de l’épicerie de quartier que de l’établissement de santé où travaillent plus de 2 000 agents. Depuis, les finances de l’établissement peinent à retrouver une ligne de flottaison. Tout emprunt envisagé doit par exemple à présent être validé par l’ARS (Agence régionale de santé, NDLR).
Un audit interne
Dans la batterie de mesures mises en place pour retrouver de l’oxygène, un audit à 360 degrés a également été réalisé, confié à l’Anap (Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale) missionnée par l’ARS. « Ce sont des procédures extrêmement lourdes et longues mais nécessaires, plaide Richard Barthès. Audit duquel avaient été extraits les services de bionettoyage que nous avons audités en interne. » L’audit interne a décelé des failles dans les prestations de nettoyage déjà externalisées. « Le cahier des charges n’était pas assez précis, les missions n’ont donc pas un niveau d’exigence suffisamment élevé », précise le directeur.

D’où le souhait de tout remettre à plat du côté de la direction. « On veut verrouiller un cahier des charges plus strict et exigeant avec des critères de performance renforcés garantissant la sécurité des patients et la qualité du bionettoyage », poursuit Richard Barthès. Comprenez, le bionettoyage, pointu, va être confié au privé avec un degré d’exigence revalorisé et le personnel titulaire interne dédié jusque-là à ces tâches est maintenu.
La situation de 25 agents en CDD à éclaircir
Quid alors des 25 agents en CDD ? La direction des ressources humaines se veut rassurante. « Nous avons suffisamment de missions au sein de l’établissement pour proposer des solutions. Nous menons actuellement des entretiens avec tous les agents en CDD pour identifier leur envie, leurs compétences. Nous avons un vrai souci d’accompagnement. Ces agents ne travaillent pas à l’hôpital pour rien. Ils ont un attachement, c’est dans l’intérêt de tous de trouver des solutions équilibrées », assure Carole Cabié, DRH.
Un argumentaire qui ne convainc pas pleinement Dominique Lorenzo. La syndicaliste assure : « On va maintenir une forte pression parce qu’on sait très bien qu’il y a, derrière, une volonté d’économie et donc de suppression de postes. On va rencontrer le député et le sénateur pour leur exposer la situation et en attendant on accompagne les ASH qui le souhaitent lors de leur entretien. » Et de rappeler : « Laisser ces agents sur le carreau, c’est une honte. Elles gagnent 1500 euros dans les meilleurs mois, elles ont été là pendant le Covid, elles ont toujours répondu présent et maintenant c’est au revoir merci ? Mais où on va ? Tout ça pour économiser 600 000 euros. Alors qu’on est à 8M€ de déficit… Ce n’est pas ça qui va sauver l’hôpital ! »
Des propos auxquels le directeur répond : « Je ne me sens évidemment pas engagé de la même façon avec des agents qui sont là depuis trois mois et ceux qui sont avec nous depuis trois ans. » Le prochain Comité social d’établissement où tout ce monde va se retrouver est programmé au 19 novembre.
Arnaud Gauthier
Photo : la manifestation sociale du 2 octobre avait fait une halte devant le centre hospitalier en soutien aux ASH. ©A.G.