Arnaud Granel, viticulteur : « La gestion de l’eau est une donnée capitale »

access_time Publié le 21/07/2023.

Par souci de diversification et pour anticiper le grand défi climatique, Arnaud Granel, viticulteur à Fraisse-des-Corbières, a planté du côté de Villesèque-des-Corbières une espèce résistante aux sécheresses et maladies : le pistachier. Il nous explique son choix et aborde aussi ses projets parallèles.

Dans votre réflexion, vous avez pris en compte les exigences climatiques ?

Oui, notamment dans le choix entre l’amandier et le pistachier. Ce dernier ayant quatre fois moins de besoin en eau, une floraison plus tardive et étant plus résistant aux sécheresses, cela a grandement guidé mon choix.

Pensez-vous que le monde agricole audois va devoir changer sa façon d’aborder le métier ?

Peut-être pas jusque là, mais il faut être vigilant et réactif. Chaque millésime est différent. La gestion de l’eau est une donnée capitale aujourd’hui, mais les bases de nos métiers restent les mêmes. Ce sont les excès qu’il faut bannir. Je parle des excès de traitements ou d’irrigation par exemple, lorsque cela n’est pas forcément nécessaire.

Quelle est la particularité du pistachier ?

C’est un arbre assez rustique, plutôt résistant aux sécheresses et maladies. Mais il est long à entrer en pleine production car il lui faut environ dix ans. En revanche, il se valorise bien. Donc un effort financier est nécessaire avant de pouvoir en tirer des bénéfices.

En existait-il beaucoup dans l’Aude ?

Pas beaucoup, non, mais cela commence à se développer.

« D’abord des variétés pâtissières »

Cela a-t-il nécessité une formation spécifique ?

J’ai suivi une formation à la chambre d’agriculture des Pyrénées Orientales. Il y a aussi Laurent Gianesini, dans l’Aude, qui a une grande connaissance de cet arbre et qui propose des accompagnements, de l’achat des plants jusqu’à la récolte.

C’est un investissement à moyen voire long terme ?

Oui, car il commence à produire au bout de six à huit ans et, comme je le disais plus haut, il entre en pleine production au bout d’environ dix ans. A titre de comparaison, la vigne ou l’amandier le sont en bout de quatre à cinq ans.

Vous avez opté pour la pistache pâtissière. Pour quelle raison ?

Il existe des variétés pâtissières et des variétés pour le snacking. J’ai prévu de planter les deux, mais j’ai commencé par des variétés pâtissières qui sont plus longues à produire, mais sont mieux valorisées. Je vais planter des snackings d’ici un à deux ans.

La vigne est-elle un domaine qui reste rentable ?

Elle peut l’être, oui, et heureusement ! Mais cela reste très variable d’un domaine à l’autre, ou d’une cave coopérative à l’autre (même si ces dernières sont plus dépendantes du cours des prix). Mais pour être rentable, il faut être bon en viticulture, en vinification, en commerce ou encore en gestion. C’est vraiment une profession dense et variée.

Parlez-nous de Cartouche…

Cartouche est un retour à mon premier métier. En effet, avec mon meilleur ami Jean-Baptiste Bru, nous avions créé des bars à vins à Paris et Bruxelles en 2009 et 2013 (la Trinquette) et un wine truck à Toulouse en 2015 (les Camions Trinqueurs).

Après avoir cédé nos affaires en 2017, nous avons eu envie de « replonger » mais chez nous, en Aude. C’est ainsi qu’au début du mois de juillet, nous avons ouvert à Leucate village une cave à vins, fromages, épicerie et artisanat local, qui fait aussi bar à vins l’été (sur Instagram : @cartouche.leucate).

Qu’est-ce que le projet de Verte de Carcassonne ?

La Verte de Carcassonne est également un projet mené avec Jean-Baptiste Bru. Nous avons été en contact avec la maison Cabanel en 2014 pour travailler avec eux, dans une optique de reprise, mais cela ne s’est finalement pas fait. Depuis, cette envie de travailler dans l’univers des liqueurs nous trotte dans la tête.

Nous nous sommes lancés dans l’idée de créer notre propre marque il y a deux ans et en collaboration avec la distillerie Sud Languedoc, nous sommes sur le point de sortir notre alcool de menthe durant l’été. D’autres produits devraient suivre afin de compléter la gamme.

Retrouvez tous nos articles sur l’économie, ainsi que notre page Facebook.
Économie

Carcassonne : la boutique du CMA, une vitrine unique pour les métiers d’art

La Chambre des métiers met à disposition des artisans un es ...
Économie

Narbonne : une nouvelle marque d’alcools se taille une place sur les comptoirs

La marque En vue, fondée par trois associés à Peyriac-de-Mer ...
DR Cyril Durand
Économie

Aude : la Chambre des métiers lance les « Rendez-vous de la reconversion »

La CMA Occitanie propose un accompagnement à ceux et celles ...
Pierre Verra, 68 ans, président de la CMA de l'Aude - DR Cyril Durand.
Économie

Aude : Pierre Vera, cheville ouvrière de l’artisanat

Pierre Vera à la défense de l'artisanat chevillée au corps. ...