Le Narbonne handball et ses 400 licenciés entament une nouvelle saison après les deux belles accessions des équipes fanions l’année passée. L’équipe filles reprend en N1 et l’équipe garçons en N.3. Après le premier week-end de championnat, le président du club livre ses ambitions pour l’avenir.
Après une saison passée exceptionnelle, les équipes ont repris avec la coupe de France et le premier match de championnat. Comment cela s’est-il passé ?
Il y a 15 jours, les garçons ont battu Agde en coupe et ils ont enchaîné ce samedi 5 septembre par la première journée de championnat contre Monaco, ici à Narbonne. Ils ont perdu de deux buts, mais cela laisse présager de belles choses puisque c’est un nouveau championnat pour eux. Et Monaco descend de N2 avec l’ambition de remonter. C’est donc une grosse écurie qui s’est renforcée avec des anciens joueurs de première division, donc c’est vraiment pas mal. C’est encourageant. Je pense que si on avait abordé le match d’une autre manière, avec un peu moins la peur au ventre d’entrée, le résultat aurait été différent. On apprend et c’est peut-être bien de les prendre dès le début. Cela nous montre qu’on n’est pas loin, ça nous permet de juger le niveau qu’on doit avoir cette saison.
Et pour les filles ?
Elles ont aussi joué en coupe la semaine précédente et elles sont allées ce week-end à Toulouse en championnat. Et elles ont aussi perdu de deux buts. Là aussi, c’est un match encourageant au vu de l’effectif parce qu’on n’a pas mal de blessées encore. Et on fait un match de bon niveau… Ce n’est pas mal. Une fois que le groupe aura fini sa période de rodage et que les blessées seront rentrées, je pense que ça sera différent.
Après la belle saison 2024-2025 et la double accession de ces deux équipes, c’est une année un peu particulière qui s’ouvre ?
Ça va être une année intense. Mais j’ai confiance en ces deux groupes. Les objectifs pour cette année pour ces deux équipes : le maintien. Le maintien, parce que c’est l’année où on va apprendre. C’est une année d’apprentissage et de stabilité. Parce que ça nous permet aussi d’intégrer des jeunes qui sont l’avenir, que ce soit chez les filles comme chez les garçons.
Au niveau des jeunes, est-ce que les bons résultats de l’année passée ont créé un appel d’air avec plus d’inscrits ?
On a créé de l’enthousiasme, c’est sûr ! On va le voir après la rentrée, c’est encore un peu tôt là. C’est à partir du 1er octobre généralement qu’on peut réellement jauger. Il faut savoir qu’on accueille tout le monde puisqu’on souhaite faire du handball pour tous mais on est aussi prudent. On ne souhaite pas grandir trop vite. Il faut avoir des structures et les capacités d’accueil pour que chacun puisse s’épanouir avec le nombre d’encadrants, d’entraîneurs suffisant. On est dans une démarche où on souhaite que tout le monde puisse faire du handball, que ce soit en loisir ou avec l’ambition de l’élitisme. Mais il faut avoir la ressource humaine pour pouvoir encadrer les plus jeunes. On doit aussi former nos entraîneurs. C’est un système d’accueil et de performance à mettre en place sur plusieurs années pour arriver à structurer le club comme on le souhaite.
« C’était une équipe, ce n’était pas un club »
Sadek Boudiaf
Vous êtes revenu au club avec une nouvelle équipe dirigeante il y a six ans, vous êtes président depuis deux ans, ce plan de progression est en place depuis le début ?
On s’était déjà fixé un premier cycle de 3 ans pour sauver le club financièrement. Je rappelle que nous avions un lourd déficit et que nous avons réussi à créer un bon équilibre, entre ambitions et budget cohérent. Jusque-là tout fonctionne bien puisque nos deux effectifs sont composés presque intégralement de jeunes issus du club, ce qui n’était pas forcément le cas il y a 6 ans.
C’est un nouveau cycle de trois ans qui s’ouvre alors ?
Oui et il doit nous permettre de devenir compétitif, de créer un budget pour pouvoir monter et pouvoir se stabiliser en D2 pour les filles. Pour les garçons, on prend marche après marche, puisque les budgets varient très peu entre la N3 et la N2.
Cette ambition de performance, il passe par un recrutement de nouveaux coaches ?
Absolument pas. On fait de la promotion interne ! Chez les filles, il y a quelques années, avec l’entraîneur Vincent Guéneret, qui était l’entraîneur des moins de 17 filles et qui a repris la Nationale 2 féminine il y a 3 ans. Il s’est formé pour progresser et cela donne d’excellents résultats. On a fait la même chose avec les garçons, puisque Nicolas Egea était l’entraîneur des moins de 17 filles après Vincent. L’année dernière, il a intégré le groupe senior et il est monté. Le projet tel qu’on le percevait, ils ont réussi à le mettre en place sur le terrain. C’est important. Encore une fois, c’est dans l’ADN de notre club, dans notre identité. Monter en compétence et garder notre identité, l’un ne peut pas aller sans l’autre.

On vous sent très attaché aux valeurs locales du club ?
Je suis arrivé dans ce club quand j’avais six ans, ça fait 41 ans. Même si je suis parti quelques années jouer ailleurs. Je ne suis pas revenu au meilleur moment, puisque le club était en déficit de 250 000 € sur un budget de 350 000 €. On a réussi à le sauver et à insuffler une nouvelle dynamique. À l’époque, le budget était presque alloué totalement à l’équipe filles. Ce qui leur a permis certes d’avoir des résultats, mais qui a bien failli le tuer. En réalité, c’était une équipe, ce n’était pas un club. Aujourd’hui, on peut vraiment parler d’un club puisque toutes les équipes de jeunes jouent au plus haut niveau régional. On est dans un projet plus local avec moins de « mercenaires », qui coûtent énormément. Et en termes d’identité, en plus, ce n’était pas du tout notre ADN. On aime ce maillot du Narbonne handball et on voulait que les gens s’identifient à nos couleurs
Après une saison riche de deux accessions, pas facile de trouver des défis aussi enthousiasmants, non ?
On sait pertinemment qu’on ne renouvellera pas une saison comme ça avant très longtemps. Mais le handball est un sport attirant, qui fait toujours vibrer. Les gens prennent plaisir à venir. Samedi, jusqu’à la dernière minute, ils ont poussé les garçons. Et je reste persuadé que si les filles avaient joué à Narbonne, le public les aurait poussées aussi et le score aurait pu être différent
Quand on est revenu il y a 6 ans avec Christophe Gratien, il y avait peut-être 30 personnes dans les tribunes. Aujourd’hui, ils sont plus de 500. Il y a une réussite parce que les gens se retrouvent, se reconnaissent dans ce qui est proposé. Ça, c’est très important pour nous. Le handball est un sport spectaculaire, physique, impactant par des actions fabuleuses. Tout le monde s’y reconnaît. Samedi dans les tribunes, il y avait énormément de personnes qui venaient d’autres sports. Le handball procure toujours de l’enthousiasme, alors je ne m’inquiète pas et je sais qu’on va encore vibrer cette année.
Propos recueillis par Arnaud Gauthier
Photo : Sadek Boudiaf : « On a créé de l’enthousiasme ». ©A.G.