Pénurie de médicaments : depuis l’Aude, elle veut faire plier les laboratoires

access_time Publié le 08/10/2025.

Le Praluent et le Repatha, deux médicaments pour le traitement des maladies cardiovasculaires, sont très difficiles d’accès en France depuis le début de l’été. En cause : des négociations tarifaires tendues entre l’État et les fabricants. Pour faire bouger les lignes, la Carcassonnaise Sabine Guérin a créé un collectif national.

« Ces traitements, pour nous malades cardiaques graves, ils sont vitaux ! » Depuis Villalier, petit village de la plaine du Carcassès, à deux pas de Carcassonne, Sabine Guérin a lancé un grand combat face à une influente partie adversaire. L’Audoise s’attaque à l’État et à deux laboratoires pharmaceutiques, le français Sanofi et l’Américain Amgen. Respectivement fabricants du Praluent et du Repatha, deux médicaments permettant de traiter les maladies cardiovasculaires et qui se font de plus en plus rares dans les pharmacies depuis le début de l’été. La cause de cette pénurie : des négociations âpres entre ces deux entreprises pharmaceutiques et le Comité économique des produits de santé (CEPS), entité publique qui fixe les prix et les taux de remboursement des médicaments sur le marché français. Pour peser de tout leur poids face à l’État, Sanofi et Amgen auraient réduit leurs livraisons et rendu plus que compliquée la vie de plus de 30 000 patients en France. Il n’en fallait pas plus pour que Sabine Guérin monte au front.

« On parle quand même d’un traitement qui sauve des vies »

Sabine Guérin

« Je suis sous Repatha depuis trois ans et quand je me suis rendue compte de cette pénurie il était hors de question de laisser faire ça ! On parle quand même d’un traitement qui sauve des vies ! J’ai donc créé le collectif des patients cardiovasculaires compliqués », détaille Sabine Guérin. Il faut dire que ce traitement est capital et il est prescrit à des patients souffrant de maladies cardiovasculaires poussées.

Un collectif pour quel objectif ? Mettre la pression sur les laboratoires et l’État pour que la situation se débloque. « On se doit de médiatiser cette pénurie et l’attitude des laboratoires, précise l’Audoise. Parce qu’ils sont quand même vigilants à leur image et on peut peser de cette façon. » Sabine Guérin sait de quoi elle parle. En 2019 déjà, elle avait mené un combat contre Medtronic qui souhaitait stopper sa production de pompes à insuline implantées. « Ils étaient revenus sur leur décision parce que l’histoire commençait à faire beaucoup de bruit », rappelle Sabine Guérin.

« Ils sont revenus sur leur décision »

Alors avec son nouveau collectif, l’habitante de Villalier espère le même dénouement. Et les premiers signes donnent raison d’espérer. « Pour peser face à l’État dans les négociations, Sanofi avait même demandé le déremboursement du Praluent au début de l’été. Cela voulait dire que les patients auraient dû payer leur dose à 100% (400 € par mois en moyenne d’après nos informations). Impossible. J’ai fini par avoir une responsable de Sanofi et ils sont revenus sur leur décision de dérembourser et les stocks semblent aller un peu mieux dans les pharmacies. En revanche, pour les Américains, on n’arrive à entrer en contact avec personne. »

La situation est d’autant plus dramatique que la France est le seul marché européen à faire face à une pénurie d’un tel niveau. « Pour l’heure, et malgré ce qu’on peut entendre, rien ne remplace de façon aussi efficace ce médicament, précise la malade à qui on a posé huit stents. Il est efficace à 70 % pour faire baisser le cholestérol et éviter des infarctus, des AVC, voire des décès. Les autres médicaments qui permettent cela sont les statines mais elles créent des intolérances chez beaucoup de personnes. »

« Au ministère de la Santé, on nous dit qu’il n’y a pas de soucis d’approvisionnement pour 2025 et que pour 2026, il va y avoir un accord. Mais c’est très vague tout ça et surtout, on voit bien sur le terrain la pénurie. Dans certaines régions, des patients font des kilomètres et des kilomètres pour tenter d’obtenir une dose. Donc, on continue le combat et on l’arrêtera quand des certitudes seront actées. » Le collectif a écrit à une vingtaine de députés et créé une pétition en ligne le 3 juillet 2025. Elle a recueilli à ce jour plus de 36 000 signatures. Signe que la problématique concerne bon nombre de patients, aux quatre coins de France.

Arnaud Gauthier
Photo : Sabine Guérin se bat pour que la pénurie de Repatha cesse. ©DR

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