« On repart en mer » : depuis Gruissan, SOS Méditerranée annonce reprendre les sauvetages

access_time Publié le 20/12/2025.

Présente dans l’Aude ce vendredi 19 décembre à l’occasion des 2es rencontres Méditerranée solidaire, Sophie Beau, directrice de SOS Méditerranée, est revenue sur l’attaque dont le bateau de sauvetage de l’association humanitaire a été victime cet été.

« Au moment où je vous parle, un équipage est à Syracuse à bord de l’Ocean Viking et se prépare à repartir en mer dans les prochains jours. » Sous le ciel gris de Gruissan, c’est l’une des rares éclaircies dévoilées par Sophie Beau ce vendredi 19 décembre, lors des 2es rencontres Méditerranée solidaire. Pour le reste, le bilan effectué par la directrice de SOS Méditerranée n’est pas au beau fixe. Ocean Viking, le bateau de secours aux réfugiés en mer de l’association, a essuyé en août dernier des tirs venus des gardes-côtes libyens. « Il a fallu du temps pour réparer les dégâts et aussi réfléchir de notre côté à la sécurité pour savoir comment repartir dans des conditions de sécurité aussi élevées que possible. Une centaine d’impacts de balle ont quand même été relevés. Jusqu’au poste de commandement », Sophie Beau déroule un récit peu réjouissant avant que ne débutent les rencontres au Palais des congrès de Gruissan. Et alors que vient de s’achever, sur le quai du Cadran-solaire, une émouvante cérémonie devant la stèle hommage aux migrants disparus en mer, nommée La vague alarme.

« La mer continue à rendre des corps, le monde continue à détourner le regard »

Pour ces 2es rencontres Méditerranée solidaire, aux côtés de SOS Méditerranée, étaient présents le Parlement de la mer, la Région Occitanie, le Département de l’Aude ou encore la Ligue des droits de l’Homme et son référent narbonnais. Un Benoît Pérez qui a lancé à la tribune : « Il y a quasiment dix ans jour pour jour, le monde était choqué par les images du corps d’un enfant, d’un bébé retrouvé mort sur la plage. C’était il y a dix ans et, aujourd’hui, la mer continue à rendre des corps pendant que le monde continue à détourner le regard. »

Des mots chocs qui décrivent une réalité sur laquelle est revenue Sophie Beau : « Les États côtiers sont défaillants. Aucune coordination des secours, pas de port désigné. Ils ne respectent pas le droit de la mer tout simplement. Seule l’Italie attribue un port après un sauvetage mais il est souvent très éloigné de la zone de sauvetage, ce qui complique évidemment les opérations. »

« On en est arrivé à se faire tirer dessus par des gardes-côtes »

« En 2025, on est à environ 65 000 personnes arrivées par mer en Italie. C’était beaucoup plus 10 ans plus tôt. Après 10 ans en mer, les conditions de sauvetage n’ont fait qu’empirer alors que le nombre de traversées a lui drastiquement diminué. Il y a beaucoup plus de morts car si les traversées diminuent, le nombre de bateaux de secours lui chute terriblement. Les conditions sont difficiles. On en est arrivé à se faire tirer dessus par des gardes-côtes libyens, des gardes-côtes pourtant financés par l’Europe ! », poursuit la directrice.

Les difficultés sont aussi financières, forcément. L’association s’appuie sur des dons privés à hauteur de 91 % pour assurer ses missions alors que les collectivités représentent les 9% restant. La présidente de l’Aude, Hélène Sandragné en a bien conscience : « Nous accompagnons SOS Méditerranée, évidemment. Mais à la mesure de ce que permettent nos finances qui chaque année sont un peu plus déstabilisées par des mesures gouvernementales incompréhensibles. Notre aide est d’environ 20 000 € par an, ce qui représente le coût d’une seule journée de secours en mer. »

« SOS Méditerranée est aussi précieuse pour sauver notre humanité »

Des secours en mer qui vont donc pouvoir reprendre en Méditerranée centrale. Au large de la Libye devenue le premier pays de départ. « Notre équipage est prêt. Il s’agit d’environ 20 personnes dont neuf en charge de la navigation. Tout le monde a retrouvé ses esprits, nous avons revu nos protocoles de sécurité. On repart », conclut Sophie Beau.

Présente lors de cette journée, l’ancienne ministre et présidente de l’association France terre d’asile, Najat Vallaud-Belkacem, ne cachait pas son émotion devant la stèle hommage. « Le sauvetage en mer est précieux. SOS Méditerranée est aussi précieuse pour sauver notre humanité. Je soutiens cette association qui mène une action de salubrité publique dans une période de fort rejet sur les questions migratoires. Je retiens le nom donné à cette stèle, à cette oeuvre, qui dit beaucoup : « La vague alarme ». »

En dix ans, SOS Méditerranée a permis de sauver plus de 42 000 personnes. 42 000 vies.

Arnaud Gauthier
Photo : Najat Vallaud-Belkacem et Sophie Beau, réunies devant la stèle hommage à Gruissan. ©A.G.

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