Occitanie : pour l’Insee, « les trois quarts de l’offre touristique seront exposés à de fortes chaleurs en 2050 »

access_time Publié le 20/11/2024.

Plage-de-Canet-en-Roussillon-66-juillet-2024-©-Aline-Morcillo-Hans-Lucas-via-AFP-770x430

Ce mardi 19 novembre, l’Insee a publié une étude marquante sur l’impact des fortes chaleurs sur l’offre touristique à l’horizon 2050.

La situation annoncée est préoccupante, particulièrement pour la région Occitanie, où trois quarts de l’offre touristique seront directement exposés à des épisodes fréquents de fortes chaleurs. Ce phénomène, qui s’inscrit dans une tendance climatique globale, pourrait bouleverser les pratiques touristiques et fragiliser un pilier essentiel de l’économie régionale.

Une évolution marquée des choix touristiques

L’étude révèle que, bien que l’été reste une période cruciale pour le tourisme en Occitanie, les comportements des vacanciers évoluent déjà en réponse au changement climatique. Depuis dix ans, une croissance plus rapide de la fréquentation estivale a été constatée dans les campings situés dans les départements littoraux du nord de la France, notamment en Bretagne et en Normandie, comparée à ceux du littoral méditerranéen.

Cette tendance s’est encore amplifiée après les étés 2018 et 2019, marqués par des vagues de canicules intenses. Les touristes privilégient désormais des destinations moins exposées à la chaleur. Dès 2030, l’offre balnéaire méditerranéenne, fer de lance du tourisme occitan, sera fortement impactée par des vagues de chaleur fréquentes, poussant potentiellement les vacanciers vers d’autres horizons.

Les conséquences en Occitanie : des impacts déjà visibles

Les données météorologiques des étés 2022 et 2023 montrent déjà l’ampleur du défi : des températures dépassant régulièrement 35 °C, atteignant même 40 °C, ont été enregistrées dans plusieurs départements de la région. Ces niveaux, auparavant exceptionnels, risquent de devenir la norme dans les prochaines décennies. Les simulations climatiques récentes confirment que ces phénomènes vont s’intensifier dans toute la région, avec une progression accélérée dès 2030.

En 2050, les territoires les plus touchés comprendront non seulement le pourtour méditerranéen et l’arrière-pays, mais également la plaine de la Garonne et le nord-ouest de la région. Ces zones abritent la majorité des infrastructures touristiques de l’Occitanie. Plus de 75 % des hébergements marchands, incluant campings, hôtels et résidences secondaires, y sont concentrés.

Les infrastructures touristiques en première ligne

  • Les campings, fortement implantés sur le littoral méditerranéen, seront les plus affectés. Leur nature en plein air les rend particulièrement vulnérables aux vagues de chaleur.
  • Les hôtels, bien que moins exposés, ne seront pas épargnés, notamment ceux situés en zones urbaines, où l’effet d’îlot de chaleur est exacerbé.
  • Les résidences secondaires, nombreuses dans les zones sujettes aux canicules, verront elles aussi leur attractivité diminuer si les températures continuent de grimper.

Un secteur économique vital pour l’Occitanie

Malgré ces défis, l’importance du tourisme pour l’économie régionale reste indéniable. En 2023, l’Occitanie a accueilli 17,5 millions de touristes dans des hébergements collectifs marchands (hôtels, campings, résidences de tourisme, etc.), représentant 55,2 millions de nuitées, soit 12 % de l’ensemble des nuitées de France métropolitaine. La région se classe 4e en France pour la fréquentation touristique totale et 2e pour la fréquentation des campings, qui dominent l’offre touristique en Occitanie. Le tourisme est une activité clé, générant 7 % de l’emploi marchand dans la région. Cela correspond à une moyenne de 125 000 emplois annuels, pouvant atteindre 180 000 postes au cœur de l’été.

Une concentration estivale et des ailes de saison en hausse

La période estivale est la plus prisée, avec une fréquentation particulièrement forte en juillet et août, concentrant à eux seuls 50 % des nuitées enregistrées dans les hébergements touristiques collectifs. Les ailes de saison, en juin et septembre, représentent chacune environ 10 % des nuitées, soulignant un allongement progressif de la saison touristique. L’INSEE indique que : “face à cette situation, des stratégies d’adaptation devront être rapidement mises en œuvre. Cela pourrait inclure des infrastructures mieux adaptées à la chaleur, une diversification de l’offre touristique pour répondre à des préférences changeantes, ou encore un développement accru des destinations moins exposées.

Élodie Greffin

Photo : plage de Canet-en-Roussillon (66) juillet 2024 © Aline Morcillo Hans Lucas via AFP.

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