Occitanie : les vignerons au bord de la rupture avant la grande manifestation de Béziers

access_time Publié le 13/11/2025.

Frappés par la sécheresse, les incendies, l’effondrement des rendements et la stagnation des prix, des milliers de viticulteurs d’Occitanie appellent à un sursaut. Samedi 15 novembre, ils défileront à Béziers. Une mobilisation qualifiée de « dernière chance » par une profession en détresse.

Sur les vignes de Fabien Mariscal, les grappes se sont asséchées lorsque les températures ont frôlé les 46 degrés le 15 août. Comme des milliers d’autres viticulteurs d’Occitanie touchés par une crise multiforme, le viticulteur ira manifester samedi à Beziers. « C’est vu comme la manifestation de la dernière chance. On n’est pas loin du désespoir », explique Jean-Pascal Pelagatti, viticulteur près de Béziers et secrétaire général de la FDSEA de l’Hérault. « Si on est 2 000, c’est un échec, si on est 5 000 ou 6 000, on va peser », ajoute le responsable syndical.

“J’irai à Béziers, c’est obligé”

« J’irai à Béziers samedi, c’est obligé », affirme pour sa part Fabien Mariscal, 38 ans, viticulteur de père en fils, qui exploite 45 hectares de vignes sur plusieurs parcelles du massif des Corbières, dans l’Aude. « Le 15 août, les températures sont montées à 45 ou 46 degrés, accompagnées d’un vent chaud du nord. Tout a été brûlé, les grappes ont séché et elles sont restées agrippées à leurs tiges lors des vendanges. J’ai perdu 50% de ma production sur cette parcelle », raconte ce père de deux petites filles, « pas sûr » qu’elles voudront un jour prendre sa succession. « L’énergie, le gasoil, les intrants, tout cela a explosé et le prix du vin a stagné. Dès qu’on se lève le matin, on perd de l’argent, sans même aller travailler », ajoute-t-il, pourtant bien décidé à s’accrocher à ce « métier passion ».

“Sans eau, pas d’agriculture”

En août, à quelque kilomètres de son village de Douzens, un incendie a parcouru 17 000 hectares, touchant 16 communes et quelque 200 exploitations agricoles, principalement viticoles, le pire incendie depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen français, selon la Base de données gouvernementale des incendies de forêt en France (BDIFF). “L’Occitanie, premier vignoble de France avec 257 000 hectares, subit de plein fouet le changement climatique: sécheresses à répétition et déficit hydrique font chuter les rendements de 30 à 40%. Nos viticulteurs ont des revenus parmi les plus bas du pays”, souligne le président de la Chambre régionale d’agriculture d’Occitanie, Denis Carretier. Et “2025 s’annonce comme la plus petite récolte de vin depuis le gel historique de 2021”.

« Sans eau, pas d’agriculture, et sans agriculture, c’est tout un territoire qui s’effondre », ajoute Denis Carretier, en demandant que « l’Occitanie devienne un territoire d’exception pour s’adapter à l’évolution du climat », à l’image du statut particulier des zones de montagne au sein de la politique agricole commune (PAC).

“Mêmes ferments qu’en 1907”

Diverses organisations professionnelles (FDSEA, Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale (CR)…) ont mis de côté leurs divergences pour porter une vingtaine de revendications communes comme « la lutte contre les prix du vin abusivement bas pratiqués par les négociants et la grande distribution », la « simplification » des contraintes administratives, l’accès à l’eau ou encore à l’assouplissement de la loi interdisant la publicité pour le vin.

Après avoir bloqué des autoroutes et manifesté à Narbonne en 2023, les viticulteurs vont défiler samedi après-midi dans Béziers, ville symbole d’où était partie la grande révolte viticole de 1907, un des plus grands mouvements sociaux du XXe siècle en France. « Il y a une colère qui monte. On ressent les mêmes ferments qu’en 1907, c’est-à-dire que les vignerons ne s’en sortent plus », explique Fabien Castelbou, viticulteur et vice-président d’une coopérative proche de Montpellier.

« La situation politique nous a déjà pénalisés. On prend du retard alors qu’il nous faut des réponses concrètes », insiste le président du Syndicat des vignerons audois, Damien Onorré. Et plusieurs responsables syndicaux espèrent des annonces lors du grand salon professionnel Sitevi qui se tient à Montpellier du 25 au 27 novembre.

« On ne sent pas une volonté politique de mettre en avant le vin, de répondre aux attaques de Trump, de nous aider à retourner sur le marché chinois, de mettre en place un écosystème favorable à l’économie et à l’humain. Et maintenant on veut interdire la vin à la buvette de l’Assemblée nationale ! », déplore quant à lui le président de la Chambre d’agriculture de l’Aude, Ludovic Roux.

La rédaction avec AFP
Photo : sur les vignes de Fabien Mariscal, à Douzens, dans l’Aude, les raisins ont dépéri lorsque les températures ont atteint près de 46 degrés le 15 août 2025. © Idriss Bigou-Gilles / AFP

Actualités

La dernière ligne droite pour la voie verte entre La Franqui et Leucate village

Le Grand Narbonne finalise l’aménagement de la voie verte re ...
Actualités

Parentalité et transmission : deux jours pour parler sans tabou à Carcassonne

Les 13 et 14 novembre, la Protection maternelle et infantile ...
Actualités

Aurélien Sanchez : « Je suis plus un aventurier qu’un coureur »

Aurélien Sanchez a grandi à Belvèze-du-Razès dans le Limouxi ...