Nos rues ont une histoire : George Sand

access_time Publié le 16/06/2022.

Seulement 2% des rues en France portent le nom d’une femme. George Sand est l’une des rares à bénéficier de ce « privilège » avec d’autres incontournables comme Jeanne d’Arc et Simone Veil par exemple. Pourtant, si le nom de George Sand vous parle forcément, que savez-vous vraiment d’elle ?

De nombreuses villes de l’Aude ont donné le nom de George Sand à l’une de leurs rues ou emplacements. Carcassonne, Lézignan-Corbières, Narbonne, Trèbes… Pour autant, que savons-nous réellement de cette femme qui a laissé sa trace dans l’histoire de France ?

Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, de son vrai nom, est née le 1er juillet 1804 à Paris. Celle qui par la suite prendra le pseudonyme de George Sand deviendra l’une des plus grandes écrivaines françaises. C’est en 1829 que la romancière et dramaturge commencera à signer ses œuvres sous le nom masculin de George Sand. Elle laissera ainsi à la postérité plus de 70 romans à son actif ainsi que 50 volumes d’œuvres diverses et variées.

Une double ascendance populaire et aristocratique

« On n’est pas seulement l’enfant de son père, on est aussi un peu, je crois, celui de sa mère. Il me semble même qu’on l’est davantage, et que nous tenons aux entrailles qui nous ont portés, de la façon la plus immédiate, la plus puissante, la plus sacrée. Or, si mon père était l’arrière-petit-fils d’Auguste II, roi de Pologne, et si, de ce côté, je me trouve d’une manière illégitime, mais fort réelle, proche parente de Charles X et de Louis XVIII, il n’en est pas moins vrai que je tiens au peuple par le sang, d’une manière tout aussi intime et directe ; de plus, il n’y a point de bâtardise de ce côté-là. »

Les mots d’Aurore Dupin illustrent parfaitement l’ambivalence qui sera le fil conducteur de son engagement politique. Son père, Maurice Dupin, prendra part à tous les campagnes napoléoniennes, de 1798 à 1808. C’est pendant la campagne d’Italie que le jeune soldat rencontrera Sophie Victoire Delaborde, future mère de George Sand. Celle qui partage alors la vie de l’adjudant-général Claude-Antoine Collin âgé de 50 ans, suivra Maurice à son retour en France.

Leur union sera alors célébrée en cachette, un mois avant la naissance de la future George Sand, le poids des conventions n’épargnant pas les amoureux. La mère de Maurice, Marie-Aurore de Saxe fera d’ailleurs tout pour s’opposer à cette union, en vain.

La jeune Aurore grandira ainsi dans le château de Nohant (ci-dessus), dans le département de l’Indre. Une enfance tiraillée entre deux femmes, sa mère issue d’un milieu populaire, et sa grand-mère issue de l’aristocratie et désireuse de prendre en charge son éducation. Un compromis sera finalement trouvé, elle restera avec sa grand-mère à Nohant le long de l’année et pourra aller voir sa mère qui vit sur Paris l’hiver.

Marie-Aurore de Saxe prodiguera alors la plus grande attention à sa petite-fille. Elle lui fera découvrir Rousseau, Chateaubriand, Aristote, Montesquieu, Pascal, Montaigne, Dante, Shakespeare… Mais en 1821, la grand-mère mourra le 26 décembre d’une attaque d’apoplexie. La jeune Aurore a alors 17 ans, elle quittera Nohant et rejoindra finalement sa mère à Paris.

Aurore Dupin deviendra finalement baronne Dudevant après avoir épousé François Casimir Dudveant, avocat à la cour royale. Un mariage qui permet alors à la fille de se défaire de la tutelle de la mère. Le couple va finalement revenir s’installer à Nohant, dans le château hérité par Aurore de sa grand-mère.

Des troubles politiques à l’affirmation de George Sand

Le XIXe siècle sera particulièrement agité. Du Consulat à l’Empire de Napoléon Ier, en passant par la Restauration, puis les Trois Glorieuses qui conduiront au départ des Bourbons, puis l’avènement de la IIe République, le Second Empire de Napoléon III puis enfin la IIIe République après le désastre de la guerre contre la Prusse de Bismarck, cette période sera la plus mouvementée de la politique française.

George Sand, née en 1804, sera contemporaine de tous ces bouleversements. Bonapartiste, républicaine, elle traversera ce siècle en contribuant grandement à la vie intellectuelle de son temps. Elle accueillera sur son domaine de nombreuses personnalités marquantes comme Liszt, Chopin, Balzac, Delacroix ou Flaubert.

Elle entretiendra notamment de nombreuses correspondances avec Victor Hugo, qu’elle n’épargnera d’ailleurs pas lorsque surviendront les évènements de la Commune. Opposée au mouvement, elle critiquera la position d’Hugo, fervent défenseur des Communards.

Une production littéraire exceptionnelle

Ses œuvres, particulièrement abondantes, ont marqué leur temps, dans un milieu littéraire où George Sand a été l’incarnation de la révolte des femmes. Indiana en 1832, constitue l’un de ses premiers romans bousculant les conventions sociales, mettant en scène l’émancipation féminine et divisant la société de l’époque.

Plus tard, l’auteure se penchera encore davantage sur les questions sociales. Le Compagnon du Tour de France (1835) défendra les ouvriers et les plus démunis, alors que ses œuvres Mauprat (1837) et Le Meunier d’Angibault (1845) sont des utopies représentant une société sans classe et sans conflit. Par la suite, ces romans sur la campagne et la condition paysanne deviendront également des œuvres majeures : La Mare au diable (1846), François le Champi (1848), La Petite Fadette (1849), Les Maîtres sonneurs (1853). L’écrivaine s’essaiera également à d’autres registres comme l’autobiographie avec Histoire de ma vie (1855) ou encore le roman historique avec Consuelo (1843),

George Sand connaîtra vers la fin de sa vie quelques soucis d’ordre financier l’amenant à écrire des pièces de théâtre notamment. Elle refusera la Légion d’honneur en 1873 non sans panache, arguant qu’elle ne voulait pas ressembler à « une vieille cantinière ». Souffrant de douleurs abdominales, Aurore Dupin baronne Dudevant, décèdera des suites d’une occlusion intestinale dans sa 72 année. Une agonie de près de quatre heures, avant de s’éteindre dans sa fidèle demeure du château de Nohant.

En avance sur son époque, celle qui restera dans la postérité sous le nom de George Sand, sut transgresser les conventions sociétales pour devenir l’une des références littéraires d’un siècle particulièrement riche culturellement. Elle aura su se faire accepter en tant que femme et auteure par la qualité de sa plume et la force de ses convictions.

(Ph. DR)

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