Assister à une audience au tribunal, accompagné d’explications d’un magistrat, d’un avocat ou d’un greffier : c’est ce que propose le tribunal judiciaire de Narbonne. Une initiative pour rendre la justice plus lisible et accessible.
Le tribunal judiciaire et le barreau de Narbonne lancent une série d’audiences pédagogiques ouvertes au grand public, avec pour ambition affichée : faire découvrir de l’intérieur le fonctionnement concret de la justice. « Nous ouvrons les portes tout simplement. On prend ce qui existe et on le rend accessible », Xavier Baisle, président du tribunal judiciaire de Narbonne, clarifie sans tarder le déroulement de ces audiences. Sur le modèle des dispositifs déjà existants pour les scolaires et étudiants, le tribunal propose à tout citoyen de venir assister à une audience. « Il s’agit de véritables affaires qui sont jugées. On propose en plus un point explicatif en préambule pour détailler les rôles de chacun et à l’issue de l’audience, nous instaurons aussi un moment de débriefing où chacun peut poser des questions sur ce qu’il n’a pas compris ou souhaite approfondir« , poursuit le président.
Large succès pour la première
Mi-mai, au tribunal judiciaire de Narbonne. Pour le premier rendez-vous programmé sur ce principe, la salle d’audience est pleine. Quelques minutes avant de présider l’audience du jour, Clémence Caron reçoit les citoyens inscrits pour cette inauguration. À ses côtés, Catherine Corvaisier représentant le ministère public, Lise Fournier au greffe et Me Calvet du barreau de Narbonne, pour la partie avocat. Tous ensemble, ils vont détailler leur mission. Celle qui chaque jour leur est dévolue, celle aussi qu’ils incarneront « pour de vrai » dans quelques minutes.

Une affaire fort à propos
L’affaire fleuve du jour débute quelques minutes après 14 heures. Un père et mari aux paroles et gestes violents. Une famille déchirée entre le besoin de dénoncer et la peur des conséquences pour la cellule familiale. Le cas d’école est à propos et illustre la difficulté de comprendre les faits précis, de les établir, de les qualifier. La difficulté aussi d’appréhender le temps de la justice, les faits remontant plus de deux ans avant l’audience.
Les représentations biaisées ou réductrices de l’action judiciaire volent en éclats et le public, composé de retraités, actifs ou étudiants, touche du doigt le rôle d’une audience. « Je suis enseignante. J’ai ressenti le besoin de venir voir comment la justice fonctionnait. Par curiosité d’abord mais aussi pour comprendre certaines situations d’élèves dont des membres de la famille sont concernés par la justice », explique Marie(*) studieuse sur les bancs réservés au public.

À l’heure du débriefing, les questions sur les délais de la justice sont souvent revenues aux oreilles du président du tribunal. Présent et disponible, Xavier Baisle élargit le propos : « Le temps de la justice est une excellente question à se poser. Qu’il soit court lors d’une comparution immédiate par exemple ou plus long, il est intéressant d’avoir en tête ce temps-là. »
Deux rendez-vous sont encore programmés avant l’été : une audience de référé civil le 27 mai (8h30-10h30), et une audience civile de fond le 26 juin (8h30-11h30), concernant notamment l’affaire du Pont des Marchands.
Arnaud Gauthier
Photo : Catherine Corvaisier, représentant le ministère public, et Clémence Caron, présidant l’audience du jour ont expliqué leur rôle. ©A.G.
L’inscription est gratuite mais obligatoire, par courriel à : evenements.tj-narbonne@justice.fr. Ces temps pédagogiques, présentés comme une expérimentation, pourraient être pérennisés si l’intérêt du public se confirme.
*Le prénom a été modifié par discrétion