L’Aude et Narbonne avaient été choisies par le Rassemblement national pour son grand meeting du 1er mai. Un véritable test après le rendez-vous en demi-teinte de la place Vauban voici trois semaines.
Après sa condamnation judiciaire sous forme de séisme politique, Marine Le Pen est montée au front une semaine durant. Puis s’est vite montrée plutôt discrète. De son côté, Jordan Bardella vient tout juste de se présenter en possible plan B pour la Présidentielle 2027. Alors, en débarquant sur la scène de l’Arena à Narbonne ce jeudi 1er mai, le RN avait l’occasion de remobiliser ses troupes, et c’est plutôt une réussite, tout en clarifiant les positions de chacun et en indiquant qui mènera la course à l’Élysée. Là, c’est moins évident.
Narbonne et l’Aude, un choix gagnant
En ce printemps 2025, le Rassemblement national ne prenait pas trop de risque en convoquant son grand meeting du 1er Mai à Narbonne. Avec les trois circonscriptions de l’Aude dans sa besace, le RN a fait ici carton plein aux dernières législatives. Un fait historique que n’a pas manqué de rappeler le président du RN Jordan Bardella, précédé à la tribune par un guilleret Louis Aliot.
Le maire de Perpignan fera ainsi chanter l’Arena de Narbonne a cappella. En reprenant le jovial Douce France de Trenet, célèbre narbonnais. Mais Louis Aliot convoquera également une autre figure historique audoise. Celle de Leon Blum et rappellera que Frédéric Falcon (actuel député de la deuxième circonscription de l’Aude) occupe précisément à l’Assemblée nationale le siège de l’illustre président du conseil. Tout un symbole qui rappelle que l’Aude et ses terres viticoles, profondément enracinées à gauche pendant des décennies, ont allègrement franchi le Rubicon pour mettre cap à droite toute.
Un couac d’entrée
On ne s’étonnait donc pas de rencontrer une foule devant les portes de l’Arena, une heure avant le début du meeting. Plus surprenants étaient les témoignages des centaines de personnes refoulées à l’entrée. « On nous a dit que c’était complet, que les portes étaient fermées définitivement. Pourtant, on s’est inscrit sur internet. C’est nul d’avoir fait venir des gens pour les laisser devant la porte », Selena n’a pas apprécié. Et pas sûr que les quelques mots d’excuses prononcés par Frédéric Falcon en ouverture de meeting la consolent. À l’intérieur de la salle, en revanche, les sourires sont de sortie, toujours escortés par de nombreuses bannières bleu-blanc-rouge et accompagnés du refrain star repris par les quelque 5000 personnes : « On est chez nous ».
Marine Le Pen… « Jusqu’à la victoire »
Chez elle, Marine Le Pen l’était assurément à l’Arena. Après avoir fendu la foule pour monter sur scène, elle est venue rejoindre le pupitre au slogan laissant peu de place à l’interprétation : « Jusqu’à la victoire ». Et les mots égrenés tout au long de son discours le confirmaient : Marine Le Pen réaffirme sa stature présidentielle. « Le système veut m’empêcher d’être candidate à la Présidentielle après avoir empêché Jordan Bardella d’être Premier ministre, il ne peut empêcher des milliers de Français, partout dans notre pays d’agir, de s’engager », a lancé la fille de Jean-Marie Le Pen, à nouveau drapée dans les habits de candidate.
Jordan Bardella entre immigration et viticulture
Lui emboitant le pas sur la scène, après un bain de foule électrique, Jordan Bardella s’est montré en chef de parti combatif. Prêt à mener la campagne… des municipales d’abord. « Les élections municipales doivent marquer la nouvelle étape de notre enracinement dans le paysage français », a lancé le président du RN souhaitant voir le « Rassemblement national marquer à nouveau l’histoire en remportant le plus de mairies possible ».
Avant d’appuyer sur les thématiques historiques du parti qui font toujours mouche au près de la foule. L’immigration bien sûr. Mais, terres audoises oblige, Jordan Bardella s’est arrêté de longues minutes sur l’agriculture. Osant d’abord un « Disons le fièrement nous aimons nos agriculteurs » avant de rappeler que « sans agriculteurs français, il n’y a pas de souveraineté alimentaire possible » et de fustiger longuement ceux qu’il nomme les « éco-terroristes ».
La Narbonne Arena a donc eu droit à deux discours phares, deux orateurs s’affichant en présidentiables pour un parti devenu plus que jamais bicéphale. L’après-midi tricolore s’achevait sur une Marseillaise a cappella. Là aussi, entonnée par les deux chefs de choeur du RN. Sans qu’une voix de tête ne se dégage.
Arnaud Gauthier
Photo principale : 5000 personnes se sont retrouvées à l’Arena. ©A.G.