Lumière sur : André Meyzen, commissaire-priseur à Narbonne

access_time Publié le 26/10/2022.

Cette semaine dans notre rubrique, nous faisons la connaissance d’André Meyzen, commissaire-priseur à Narbonne. Une profession très particulière et méconnue que nous vous proposons de découvrir, à travers le parcours d’un homme qui nous fait partager ses passions pour l’art et la culture. Avec sa femme Laetitia, clerc de commissaire-priseur, ils nous ouvrent les portes de l’hôtel des ventes* où ont lieu habituellement les enchères. Une rencontre unique avec des gens passionnés et passionnants.

André Meyzen, pouvez-vous nous renseigner sur ce qu’est la profession de commissaire-priseur ?

Alors un commissaire-priseur, c’est une personne qui dirige la vente publique dans des enchères d’un certain nombre de lots. Des lots qui peuvent constituer toutes formes de bien. Dans mon cas, je suis commissaire-priseur de ventes volontaires.

Nous sommes contactés par des personnes qui souhaitent mettre leurs biens aux enchères. Il y a aussi des commissaires-priseurs judiciaires mais c’est un autre domaine. Notre « spécialité » ici à Narbonne, ce sont davantage les objets d’arts et d’histoire, mais pas seulement.

Quel parcours avez-vous suivi avant d’exercer cette profession ? Comment devient-on commissaire-priseur ?

Me concernant, j’ai un parcours vous allez le voir assez particulier. Tout d’abord, je suis pied-noir, né à Alger en 1958. Suite aux événements liés à la guerre d’Algérie, ma famille est donc arrivée dans l’Allier. Jeune, j’avais pour ambition de devenir acteur. Je suis donc monté à Paris et j’ai réussi à en vivre pendant près de dix ans.

De 20 à 30 ans, j’ai donc fait partie du monde du spectacle, en tant que comédien et assistant metteur en scène notamment. J’ai participé pendant un an à la tournée de Serge Lama, dans la comédie musicale Napoléon. J’ai mis du temps à m’apercevoir que je chantais faux, en effet j’ai appris que mon micro était coupé lors de mes interventions (rires) !

Mais c’était des expériences absolument incroyables et très enrichissantes. Puis arrivé à 30 ans, j’ai pris un virage à 180 degrés. Je me suis lancé avec des amis sur un catamaran pour une traversée de l’Atlantique. Nous sommes partis de la Rochelle pour rallier St-Martin dans les Antilles.

« Une décision prise au milieu de l’Atlantique »

Et c’est au cours de la traversée que j’ai pris cette décision. J’allais devenir commissaire-priseur. J’avais donc effectué en parallèle des études de Droit et d’Histoire de l’art. J’ai toujours aimé l’art et la culture en général, c’est un milieu qui sied particulièrement bien à ce que je recherchais.

J’ai donc par la suite effectué des stages, tout d’abord à Drouot au centre de Paris, puis à Vichy. On est alors dans les années 90, en plein contexte de réformes dans cette profession avec l’arrivée en France des groupes tels que Christie’s ou Sotheby’s.

J’ai donc eu à passer des concours et des sélections. Il y avait beaucoup de demande et peu d’élus. Seuls une vingtaine de candidats étaient sélectionnés sur plusieurs centaines. J’y suis finalement parvenu et c’est à Narbonne que je me suis installé en reprenant l’Hôtel des ventes en 1999.

On sent chez vous une vraie passion pour cette activité, à quoi ressemble le quotidien de commissaire-priseur ?

J’ai la chance et le privilège de pouvoir dire que je m’amuse dans mon métier. On côtoie des gens riches comme des gens pauvres, j’aime beaucoup les gens et j’aime beaucoup ce que je fais, c’est vrai. Contrairement aux idées reçues, nous ne sommes pas uniquement guidés par l’appât du gain. Nous sommes ravis quand nous voyons l’intérêt que portent des passionnés comme nous aux lots que nous mettons en vente.

Qu’une personne trouve chaussure à son pied et parvienne à mettre la main sur ce qu’elle désirait, parfois sans que les prix ne s’envolent, nous fait également ressentir de la satisfaction. La valeur d’un objet est souvent déterminée par l’importance qu’un individu va lui donner. Il sera toujours mieux qu’un lot revienne à un acheteur qui pourra l’entretenir et s’en occuper, plutôt qu’il prenne la poussière dans un grenier.

J’ai également la chance d’avoir une femme qui depuis longtemps m’aide beaucoup. Nous travaillons en parallèle avec des experts pour établir l’authenticité des lots qui nous parviennent. Personnellement, j’ai une certaine expérience en matière de tableaux et de livres, mais il y a tellement de thématiques différentes… et nous devons évaluer au mieux, dans l’intérêt de tous.

Quand auront lieu vos prochaines ventes aux enchères et quels genres de lots proposerez-vous ?

Nous en aurons toute une série qui débute dès ce vendredi 28 octobre à 14h. Ce jour là sera réservé à toute une collection de livres anciens et modernes. Cartes postales, timbres et photographies, des lettres d’auteurs adressées à la maison d’édition Calmann-Levy, de nombreux lots de Pléiade. Des Gen Paul mais aussi une lettre autographe d’Alexandre Dumas fils.

Ce samedi 29 octobre à 14h aura lieu la belle vente classique. Des tableaux dont un Manago, des sculptures dont trois bronzes Ming, des éléments militaria de la Restauration, dont un sabre d’officier relativement rare de la période des Cents Jours. Une armure de chevalerie complète, des porcelaines de Limoges… L’élément majeur de ce jour-ci sera le tableau signé Le Pho, une pièce absolument extraordinaire. De même, le bronze d’André Vincent Becquerel, la Panthère à sa toilette sera une pièce maîtresse de la vente.

Par la suite, la prochaine série de vente aura lieu les vendredi 4 et samedi 5 novembre. Vendredi à 14h sera donc organisée une vente après succession à la requête de la Croix-rouge internationale. Une collection de 293 tableaux comprenant 170 œuvres de Gen Paul, 70 œuvres de Elysée Maclet, Jean Gabriel Domergue et d’autres encore.

Enfin le 5 novembre, la journée sera divisée en deux ventes distinctes. La première dès 11h, tout un lot de motos de course sera mis en vente. Elles seront exposées dès 10h. On retrouve d’anciens modèles très rares de Yamaha, Aermacchi Harley-Davidson, Ducati, FB Mondial ou encore Parilla.

André Meyzen

Et pour conclure, samedi après-midi à 14h, on retrouve une exposition Art moderne, Art contemporain et Orientalisme. Des tableaux, céramiques et sculptures seront mis aux enchères. Beaucoup d’œuvres de la fin du XIXe siècle seront à retrouver.

Un emploi du temps assez chargé en somme…

Effectivement, on ne s’ennuie pas ! Même si les ventes aux enchères n’ont pas forcément lieu à un rythme soutenu toute l’année, il faut parvenir à dénicher des lots intéressants et continuer à prospecter. On peut tomber sur des éléments très précieux qu’on ne soupçonne pas forcément. Chacun chez soi est susceptible de détenir un véritable trésor, c’est ce qui constitue également la beauté de ce métier.

*Hôtel des ventes Narbonne, Domaine de Lacoste, avenue de la Côte des Roses, 11100 Narbonne. Mail : contact@encherenarbonne.com ; tél. : 04 68 32 10 33 ou 04 68 65 24 18.

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