Le parti présidé par Jordan Bardella, fort de ses résultats aux dernières législatives, affiche de grandes ambitions dans un département symbole, historiquement ancré à gauche. Les premiers candidats sont connus.
Le 1er mai dernier, Marine Le Pen et Jordan Bardella investissaient en masse l’Arena de Narbonne. Si, au micro, le député hôte Frédéric Falcon avait la main très lourde en annonçant 8 000 sympathisants réunis, la démonstration de force était toutefois réussie autour de cette date symbolique pour le parti. Sur ces terres historiquement de gauche, le RN voulait à travers ce rendez-vous marquer un grand coup et montrer les muscles, on pouvait aussi y voir une rampe de lancement en vue des municipales 2026.
Carcassonne, Narbonne mais aussi Bram ou Gruissan
Dans un département où 57% des électeurs ont voté pour le parti d’extrême-droite au second tour de la dernière législative, l’ambition de planter le drapeau RN au sommet de plusieurs villes symboles est clairement affichée. Carcassonne et Narbonne sont officiellement sur les tablettes et, d’après nos informations, Limoux, Castelnaudary, Leucate, Bram et Gruissan ont également été fléchées. Ces deux dernières étant particulièrement dans le viseur car aujourd’hui administrées par Claudie Faucon-Mejean pour l’une et Didier Codorniou pour l’autre, vice-présidente et vice-président de la Région Occitanie dirigée par la socialiste Carole Delga, fervente adversaire du RN. Illustration locale de la consigne nationale : venir a minima contrarier sur ce scrutin les adversaires féroces du parti.
Une stratégie sur deux axes
C’est le premier pan de la stratégie du RN dans l’Aude : investir des candidats dans des villes précises. « Notre vision est claire pour l’échéance des municipales. Elle repose sur deux axes. D’abord avoir l’étiquette Rassemblement national dans les grandes villes donc donner l’investiture RN à des candidates et candidats solides dans ces communes. Ensuite, pour les communes plus petites et les villages, on compte sur nos adhérents et sympathisants pour s’engager sur des listes souvent apolitiques mais où le maire fait un bon travail pour ses administrés. Le but n’est pas de mettre des bâtons dans les roues des élus qui bossent bien. Et dans les zones rurales, 95% des maires font un sacré travail », détaille Maxime Bot, délégué départemental du RN dans l’Aude.
Une stratégie qui est aussi sûrement dictée par le manque de moyens humains à disposition du Rassemblement national. Les municipales n’étant pas aussi « simples » que des législatives : pour aligner une liste (toutes les communes seront en scrutin de liste en 2026, NDLR), il faut pouvoir s’appuyer sur un vivier conséquent. L’option privilégiée permettra ainsi d’avoir des porte-drapeaux RN dans le plus de communes possible, à moindre « coût » humain pour le parti. Et de pouvoir faire infuser ses idées.
Les trois députés engagés ?
Pour le casting, peu de noms filtrent au sein du RN qui joue la prudence. Outre Christophe Barthès à Carcassonne, Laure-Emmanuelle Philippe se lancera, de nouveau, à Leucate. On peut également annoncer qu’à Limoux, c’est le député Julien Rancoule ou son suppléant Maxime Bot qui portera les espoirs du Rassemblement national. Si on applique localement la stratégie nationale du parti qui souhaite que ses parlementaires s’engagent pleinement sur ce scrutin, Frédéric Falcon, député de la 2e circonscription devrait, lui, s’aligner à Narbonne. « Je laisse les candidats s’annoncer selon leur calendrier, avoue Maxime Bot. Se présenter sur une municipale demande un engagement énorme, il est normal qu’ils décident quand ils souhaitent se lancer officiellement. »
Les annonces se feront donc au fil de l’eau avec une certitude en forme de lapalissade : « Tous les candidats seront connus entre septembre et novembre », conclut Maxime Bot.
Arnaud Gauthier
Photo : le RN avait rassemblé ses troupes lors du meeting du 1er mai à la Narbonne Arena. ©A.G.
