Pierre-André Durand a effectué un point d’étape sur les dispositifs d’accompagnement de l’emploi saisonnier à Saint-Pierre-la-Mer, ce mercredi 21 mai.
Bien qu’il se soit fortement accentué post-Covid, le diagnostic n’est pas nouveau. L’emploi saisonnier, au poids significatif dans l’économie régionale, souffre de multiples carences. Offre de logement limitée, recrutements compliqués ou offre de service éparpillée, les problématiques ne manquent pas. Pour leur apporter une réponse, le 18 janvier 2024, les services de l’État et la région Occitanie signaient à Lourdes un plan d’action régional en vue de réduire ces tensions.
16 mois plus tard, l’heure était au bilan d’étape. Ce mercredi 21 mai, le préfet de région, Pierre-André Durand, s’est rendu à Saint-Pierre-la-Mer dans l’Aude. Département où se condensent toutes les facettes de l’emploi saisonnier : du littoral à la montagne, en passant par l’oenotourisme. « L’objectif de cette journée est de mettre en lumière les bonnes pratiques mais aussi d’identifier les axes à améliorer », a glissé en préambule le représentant de l’État. Le plan avait ciblé trois axes de travail : développer une offre attractive pour les travailleurs saisonniers, mieux accompagner les employeurs dans leur recrutement et renforcer la coordination de l’offre de services.
Un camion itinérant qui va au contact des saisonniers
Accueilli devant un camion itinérant du Grand Narbonne par le sous-préfet de Narbonne Rémi Recio, la vice-présidente régionale Florence Brutus, le vice-président du Grand Narbonne Christian Lapalu ou encore le maire de Fleury, André-Luc Montagnier, le préfet a pu découvrir cet outil de proximité piloté par la Maison du travail saisonnier, sous les explications précises de Fabienne Brun. Il apporte les services clefs en main sur les territoires. Notamment en début d’année pour permettre aux travailleurs de préparer leur saison. Ce camion itinérant offre un accès direct à des emplois saisonniers, mais renseigne aussi sur toutes les questions liées au transport, aux conditions de travail et bien évidemment au logement. Problématique numéro un, tant pour les saisonniers que pour les employeurs.
Le logement, enjeu majeur
Désormais, les travailleurs fuient les territoires ne proposant pas de solutions d’hébergement acceptables. Alors l’initiative prise par André-Luc Montagnier, maire de Fleury, et présentée à l’issue d’une table ronde, a séduit l’auditoire. Il s’agit de la mise à disposition de 25 mobile-homes modernes dans deux campings municipaux de la station. « Lorsqu’un emplacement est libéré, nous le récupérons et y installons un mobile-home récent », a expliqué André-Luc Montagnier. C’est la mairie qui loue ensuite le logement directement aux entreprises pour héberger leurs saisonniers. Tarif : 300€ par mois et par saisonnier. « Les métiers de la bouche n’arrivaient pas à recruter faute de logement décent. On apporte ici une solution et on permet aux saisonniers de disposer d’un logement digne de ce nom sans y passer la moitié de leur salaire », a détaillé l’énergique premier magistrat.

Dominant la station de Saint-Pierre-la-Mer, avec vue mer imprenable, le village vacances ULVF, hôte de cette journée, offrait de toute évidence un cadre idéal pour évoquer l’emploi saisonnier. Aussi parce que l’établissement accueille des dispositifs mis en avant ce mercredi : « Prépa resto » et la formation en restauration grâce à un plateau technique dédié. Piloté par la Maison du travail saisonnier du Grand Narbonne, « Prépa resto » est une session de sept jours de formation-action pour « apprendre en faisant » les gestes de la restauration, que ce soit côté cuisine ou côté salle. Véritable stage en immersion dans un village vacances, avec possibilité d’hébergement sur place, il est destiné à toute personne majeure qui a envie de se lancer dans une première saison, sans pré-requis. Il fait partie de l’éventail des solutions de formations. Comme l’opération Job chef propulsée par France Travail, représentée par sa directrice régionale Karine Meininger.
Des exemples multiples
Pour répondre aux problématiques de mobilités, la mise en place de deux navettes pour saisonniers a été expérimentée sur le littoral, dans l’Hérault et les Pyrénées-Orientales. Un service qui permet notamment aux saisonniers de la restauration de rentrer tardivement le soir à Montpellier et Perpignan. Le retour d’expérience a ici débouché sur l’extension des horaires du tram et des bus sur le territoire du pays de l’Or pour la saison 2025.
Autant d’exemples tirés de la liste des dispositifs engagés comme des difficultés toujours prégnantes évoqués lors de ce 21 mai, pour un secteur qui emploie près de 200 000 personnes dans la région. « J’ai pu assister à un échange très fructueux car nous avons eu des exemples intéressants de bonnes pratiques et j’ai pu recueillir les difficultés rencontrées et enregistrer une demande des professionnels de simplification. Une demande qui rejoint d’ailleurs une ligne fixée par le chef de l’État », a conclu le préfet de Région.
Arnaud Gauthier
Photo : le préfet de région lors de son arrivée à Saint-Pierre-la-Mer. ©A.G.