Le millésime 2025 affiche des promesses de renouveau pour la viticulture audoise

access_time Publié le 15/10/2025.

Aux quatre coins du département, on déplore des vendanges au rendement extrêmement bas mais partout on souligne une qualité des jus très élevée. Une conjoncture qui pourrait permettre aux viticulteurs audois de retrouver rentabilité et prestige.

La viticulture est dans le rouge. Certes, ce n’est pas un scoop, mais le bilan de la saison 2025 s’annonce noir en volume. Evidemment, les incendies de l’été n’ont pas aidé une filière déjà fragilisée mais la crise s’enracine au fil d’années désastreuses. Une tendance rude pour le végétatif, qui enchaîne coups de gel et vagues de chaleur, comme pour les trésoreries qui s’assèchent. Un rayon de soleil pointe le bout de son nez dans ce décor de cendres et donne de l’espoir à ceux qui s’efforcent de toujours voir le verre à moitié plein : si la récolte 2025 s’annonce basse, elle affiche des promesses de qualité rare. Ajoutée à des stocks qui diminuent enfin, une remontée des prix est envisageable. Condition sine qua non pour que les exploitations retrouvent une rentabilité pérenne et pour que la viticulture audoise relève la tête.

« On sera sur une année plus faible en volume que 2021 »

Les pâles saisons viticoles s’enchaînent depuis 2021. Année repère, elle est gravée dans toutes les mémoires de viticulteurs audois. Le gel avait alors sévi au moment tant redouté et descendu les rendements comme jamais. En fin de vendanges, les cuves de l’Aude totalisaient tout juste 2,5 millions d’hectolitres quand l’année précédente 3,8 millions avaient été récoltés. Ce triste repère semblait être alors l’étiage audois. Mais les années suivantes n’ont guère fait mieux et 2025 poursuivra la tendance. « On sera sur une année plus faible que 2021. Principalement parce qu’on a subi deux vagues de chaleur. D’abord en juin avec un coup de chaud à +40°C qui a fait mal. On était quand même arrivé à retrouver des jolis raisins qui promettaient des vendanges convenables. Puis en août, on a pris 10 jours de chaud. On n’a pas les chiffres exacts mais on va être sous les seuils de rentabilités, c’est certain », déplore Ludovic Roux, président de la chambre d’agriculture de l’Aude.

« Les premières analyses annoncent un millésime excellent »

Ludovic Roux

Des raisins qui ne « pissent » pas pour une filière qui vit une nouvelle année catastrophique en volume. Mais qui cherche et espère trouver des espoirs ailleurs. « La seule bonne nouvelle, et c’est peut-être très important, vient des premières analyses qui annoncent un millésime excellent. Alors, il y a encore du travail derrière mais c’est un signe encourageant. D’autant que les stocks commencent à sérieusement baisser. Ces deux facteurs réunis devraient faire remonter les prix, se réjouit le président Roux. Alors attention : avec de telles baisses de rendement, la hausse des prix ne compensera pas mais si la tendance s’inverse et que les prix remontent, on va ramener de l’espoir dans les exploitations qui pourraient voir la rentabilité revenir aussi. »

Accompagné de Ludovic Roux (à gauche), le préfet de l’Aude (au centre) s’est rendu sur le domaine de Laetitia Teisseire (de dos). ©Préfecture 11

Une tendance confirmée sur le terrain. « Nous avons terminé les vendanges vendredi (10 octobre, NDLR) et pas de grande surprise : ce sera un petit millésime en volume. On essaie de garder le moral parce que la qualité est vraiment au rendez-vous cette année », détaille Clémence Fabre, Château de Luc, qui demeure émerveillée par les capacités de la vigne. « Sur nos pieds les plus anciens, c’est impressionnant de voir que nous avons eu des belles grappes malgré les coups de chaud subis. Sur le carignan ou le mourvèdre, nous avons des racines bien ancrées qui résistent à ces conditions pourtant extrêmes. »

La baisse du volume n’est pas forcément une bonne nouvelle pour ce domaine très actif depuis quelques années sur sa partie commerciale et qui a besoin de proposer de nombreux cols. Mais à Luc-sur-Orbieu, on sait jouer collectif : « Globalement, c’est sûr que c’est très positif pour l’appellation et les producteurs locaux si les stocks baissent. C’est mieux que d’avoir des cuves remplies et qui ne se vendent pas ! », sourit Clémence Fabre.

« Des jus avec une belle acidité »

Laetitia Teisseire

Un état des lieux assez unanime sur le département et qu’a pu constater le préfet de l’Aude. Alain Bucquet a répondu au traditionnel exercice annuel de fin de vendanges et s’est rendu sur le terrain lundi 13 octobre. Dans le Limouxin, il a visité les caves Anne de Joyeuse et Sieur d’Arques à Pieusse, puis le Clos Teisseire à Rouffiac-d’Aude. Entouré des organisations agricoles, il a pu entendre les nombreux défis qui se dressent devant la viticulture audoise : adaptation au changement climatique, évolution des marchés, structuration des vignobles, gestion de l’irrigation et renouvellement des générations.

Au Clos Teisseire, Laetitia Teisseire a dressé un bilan proche de celui de ses confrères : « La canicule nous a fait mal. On a une petite récolte mais la bonne nouvelle c’est qu’elle offre des jus de qualité avec de belles acidités même si on a été pris un peu de court, nous qui vendangeons à la main, avec une montée en flèche du sucre sur les derniers jours. » La vigneronne indépendante a profité de la venue du représentant de l’État pour lui rappeler les difficultés économiques : « J’ai insisté sur la guerre que nous livrent les anti-alcools. Nous faisons tout pour produire de belles choses, on est dans un contexte difficile et si, en plus, on décrie le vin comme dangereux pour la santé, on n’y arrivera pas. C’est un lobbying qui nous fait une mauvaise publicité… c’est déjà assez dur de vendre comme ça ! Il faudrait au contraire qu’on insiste sur le fait que le vin n’est pas un alcool comme un autre, que c’est aussi l’histoire de France, une partie intégrante du savoir-vivre français. »

« 2025 est dans le Top 5 des millésimes »

Matthieu Dubernet

Ce rappel fait, les professionnels ont affiché une confiance sur le millésime en approche. Un sentiment commun résumé par Matthieu Dubernet. Le président des laboratoires Dubernet, à Lézignan-Corbières, a publié, voici quelques jours, sur les réseaux sociaux un message qui se partage de domaines en caves dans toute l’Occitanie : « Un vrai grand millésime est en train de se dessiner. Des blancs frais et parfumés, des rosés gourmands et aromatiques, et surtout des rouges, notamment sur les AOC, dotés de qualités phénoliques et aromatiques absolument remarquables. Je ne suis certainement pas du genre à crier au millésime du siècle chaque année. Mais, il faut dire qu’en dépit des conditions d’été dantesques que l’on sait, un vrai alignement des planètes s’est opéré aux moments clés du printemps, et, une fois les canicules d’août passées, pendant la période de maturation. Pour moi, 2025 est dans le Top 5 des millésimes que j’aurai connus, avec 1998, 2001, 2011, et 2015. Malheureusement, les quantités sont très faibles, chez nous comme ailleurs, le Languedoc va produire son plus faible millésime en quantité depuis 1860 ! »

Arnaud Gauthier
Photo : au château de Luc, les vendanges se font à la main avec d’emblématiques wagonnets. ©DR

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