Malgré une baisse des accidents corporels, la mortalité routière augmente fortement dans l’Aude en 2025, obligeant autorités et forces de l’ordre à intensifier leurs actions.
47 personnes ont perdu la vie sur les routes de l’Aude depuis le début de l’année. Une hécatombe qui dépasse déjà le triste bilan de l’année noire 2016 durant laquelle 43 décès avaient été déplorés. « Dans l’Aude, nous avons un grave problème d’accidentalité, notamment mortelle. Si l’on compare avec les Pyrénées-Orientales, qui comptent plus d’habitants – et donc, malheureusement, plus d’accidents –, nous avons, dans l’Aude, un nombre supérieur d’accidents mortels », déplorait déjà en juin dernier Amélie Trioux, directrice de cabinet du préfet. La situation s’est aggravée depuis alors, face à ce désolant constat, les autorités ont décidé de multiplier les initiatives. Un large éventail de mesures jonglant entre prévention et répression.
Le nombre de personnes qui ont perdu la vie dans un accident sur les routes de l’Aude est en augmentation de 20% en 2025 au regard de l’année passé. La mortalité explose alors que le nombre d’accidents corporels diminue de 16 %. Rapporté au million d’habitants, le taux de tués dans l’Aude atteint 112 décès, bien au-dessus de la moyenne nationale (48) et régionale (64).
Un profil de victime bien identifié
Le « portrait robot » dressé par les services de l’État met en lumière des constantes. En 2025, la victime type est un homme (89 %), âgé en moyenne de 53 ans, résidant dans l’Aude dans 73 % des cas, et circulant en voiture (26 décès) ou à moto (13 décès). Les retraités représentent 38 % des personnes tuées, suivis par les ouvriers et professions intermédiaires (27 %). Les motards, particulièrement exposés, sont toujours plus nombreux à perdre la vie : 15 décès au 1er novembre 2025, soit une mortalité triplée en deux ans dans le département. Les utilisateurs de trottinettes électriques, nouvelle catégorie vulnérable, sont également touchés : deux morts ont été recensés en 2025 dans l’Aude, sur les cinq enregistrés en Occitanie.
Justice et forces de sécurité : une mobilisation renforcée
Face à ces chiffres alarmants, les forces de police, de gendarmerie et la justice multiplient les actions. Sur le ressort de Carcassonne, les tribunaux ont prononcé, depuis le 1er janvier, une condamnation pour homicide routier, trois pour homicide involontaire, ainsi que 194 compositions pénales, majoritairement pour conduite sous stupéfiants ou alcool. À la suite de la nouvelle loi de juillet 2025, la toute première condamnation pour homicide routier dans l’Aude a abouti à 7 ans d’emprisonnement, le 13 novembre lors d’une comparution immédiate à Carcassonne.
Le préfet de l’Aude a, de son côté, pris 1 247 mesures de suspension ou restriction de permis, dont 42 % liées aux stupéfiants, 30 % à l’alcool et 26 % à la vitesse. 33 arrêtés instaurant un dispositif antidémarrage ont également été prononcés.
6 000 excès de vitesse enregistrés par les radars embarqués depuis mai

À Narbonne, la justice se montre tout aussi active : 501 condamnations par ordonnance pénale pour des infractions au code de la route, dont 409 pour conduite sous alcool ou stupéfiants, et 66 condamnations en audience correctionnelle pour ces mêmes délits.
Sur le terrain, les forces de l’ordre dressent un bilan lourd : 582 délits routiers, 327 gardes à vue, 255 amendes forfaitaires délictuelles, et 1 012 opérations anti-rodéos urbains menées par la police. La gendarmerie recense 1 045 infractions pour stupéfiants et 832 pour alcool, dont 584 délits.
Quant aux voitures radars embarquées Dexter, elles ont enregistré 6 000 excès de vitesse entre mai et septembre, dont 900 supérieurs à 30 km/h. Sur certains axes, 14 % des conducteurs sont en infraction, un chiffre supérieur à la moyenne nationale.
Prévention : un travail de fond
Malgré ce contexte complexe, les actions de sensibilisation se multiplient. Depuis janvier, 850 actions de prévention ont permis de toucher 34 535 personnes, dont 13 194 jeunes. En juillet, 42 silhouettes noires ont été installées sur les routes du département, symbolisant les 42 victimes de 2024, pour attirer l’attention des conducteurs aux points les plus accidentogènes. Les motards font l’objet d’une attention particulière, avec des ateliers pédagogiques, des circuits techniques et des vérifications d’équipement destinés à réduire la mortalité, particulièrement forte en été.
Un appel collectif à la responsabilité
Si l’État renforce contrôles et sanctions, le communiqué le rappelle : la première cause d’accident mortel reste le comportement individuel. Dans un département où l’on meurt deux fois plus sur la route que dans le reste du pays, la vigilance de chacun reste la meilleure arme pour inverser la tendance.
Arnaud Gauthier
Photo : parmi les dispositifs mis en place, des contrôles plus fréquents et plus visibles. ©A.G.
