Hautes-Corbières : un food-truck pour créer du lien dans les villages ruraux

access_time Publié le 01/06/2024.

Le food-truck de Bruno Espagnol © DR.

Gérant d’un café-restaurant avec son frère à Mouthoumet, Bruno Espagnol a décidé de faire voyager la cuisine du Nidtable dans les Hautes-Corbières en sillonnant les routes avec son food-truck. Retour sur deux ans en campagne au volant de son restaurant mobile dans les petites villages ruraux du massif.

Comment vous êtes-vous retrouvé à Mouthoumet ? 

En répondant à une annonce sur le Bon Coin d’une mairie d’un village des Hautes Corbières qui cherchait un gérant pour un projet d’ouverture d’un café-Restaurant communal. Avec mon frère, nous avons été reçus à deux reprises par la mairie de Mouthoumet et fin mars 2022, notre dossier a été choisi par le conseil municipal.

Ouvrir un restaurant au cœur de la ruralité, c’était un pari ou une vraie volonté ? 

Je dirais les deux à la fois. Originaire de Reims, ayant travaillé également sur Paris puis après 23 ans passés à Toulouse (de 1999 à 2022), à 59 ans, j’ai vraiment ressenti le besoin d’aller vivre au vert à la campagne, donc ce projet correspondait bien à mes attentes, aussi bien du côté professionnel que du cadre de vie. Malgré tout, nous savions que ce ne serait pas facile de s’installer au cœur de la ruralité, dans un village de 109 habitants et dans un des cantons les plus pauvres de France. Le but n’était pas de s’enrichir mais d’en vivre simplement, notre richesse étant ce nouveau cadre de vie, nous avons alors tenté le pari.

Quelle est la particularité de votre restaurant dans le choix culinaire par exemple ? 

Ma cuisine a toujours été orientée sur l’équilibre et le plaisir gustatif, donc le travail du produit frais et de saison, mais aussi sur la variété des plats proposés, allant des plats du terroir français à la cuisine du monde. Il n’y a pas de secrets, une alimentation bonne pour notre santé passe par la variété des ingrédients utilisés, afin de bénéficier d’une large palette d’apports en minéraux, vitamines, antioxydants, fibres et la manière de les cuisiner et de les associer. Chez nous tout est fait maison.

Pourquoi ce nom de « Nidtable » ? 

Nous voulions donner un nom qui ait du sens pour cet établissement, et il se trouve qu’à cheval sur les communes de Mouthoumet et de Termes se dresse fièrement une montagne appelée “le Nitable Roc”.  nous avons donc choisi ce nom emblématique en y rajoutant un “d” (le nid, la table, idéal pour un restaurant). 

Aujourd’hui, on parle beaucoup de producteurs et de produits locaux. Est-ce quelque chose qui vous parle ? 

Bien évidemment, je me fournis au maximum en produits locaux avec les producteurs du secteur : maraîchers, vignerons, éleveurs bovins et caprins. Mais ça reste compliqué pour avoir leurs productions qui sont souvent saisonnières. Il est primordial aujourd’hui de faire vivre l’économie circulaire en circuits courts pour maintenir l’activité et l’emploi dans nos territoires.

Bruno Espagnol et son frère derrière le comptoir de leur affaire à Mouthoumet © DR.

Pourquoi ce projet de food-truck qui sort un peu des sentiers battus ? 

Lorsque je me suis positionné sur ce projet début janvier 2022 j’exploitais un food-truck dans le centre ville de Toulouse, en restauration 100% végétarienne (Terra Boca). Comme tout est allé très vite pour ce projet de café-restaurant à Mouthoumet, je n’ai pas eu le temps de vendre mon affaire (et donc le food-truck), si bien que je suis venu ici avec.

Le premier hiver a été très dur à passer, avec une fréquentation insuffisante au restaurant, surtout le soir et j’ai décidé pour ce second hiver dans les Hautes-Corbières de faire une tournée des villages alentours pour aller chercher le chiffre d’affaires. Ce n’est donc pas forcément un choix philosophique à la base, mais je me suis rendu compte que cela rendait un réel service à ceux qui ne peuvent se déplacer et que cela crée aussi du lien. 

Que servirez-vous grâce à votre food-truck ? 

Je sers les plats que je propose au restaurant : des soupes, salades, plats mijoté, desserts, le tout fait maison avec de bons produits. J’emporte aussi un assortiment des bouteilles de vins locaux et bio, de bières artisanales et locales, des softs pour le enfants. Je me dis qu’une épicerie ambulante serait la bienvenue dans nos petits villages sans commerces.

C’est un peu la bonne cuisine qui vient aux villages ? 

Oui c’est un peu ça et c’est tant mieux car les food-trucks sont souvent associés à la malbouffe (streetfood = fastfood). C’est le problème d’une activité non réglementée comme la cuisine. Ceci dit il ne faut pas sous-estimer le talent culinaire des gens : c’est souvent par manque de temps que l’on vient m’acheter un plat.

Quels sont les premiers retours ? 

Les mêmes qu’au restaurant : bonne cuisine et bon rapport qualité prix, choix des plats proposés. 

Vous arrive-t-il de vous reposer un peu ? 

Depuis le début de cette tournée, il y a deux mois, finie la petite sieste d’une demi-heure ! Je fais des journées de 16 h d’affilée, parfois sans avoir le temps de déjeuner. A 61 ans, je me demande parfois comment je tiens et jusqu’à quand je pourrais soutenir ce rythme. Je dors en moyenne 6 h par nuit, je dois faire partie de ces gens qui récupèrent facilement et qui sont boostés par l’amour de leur métier.

Contact : tél. 04 68 44 73 72 : site internet : www.le-nid-table-restaurant.fr 

Tournée des villages : le food-truck se déplace dans six villages des Hautes-Corbières. Lundi, Laroque de Fa ; mardi, Villerouge Termenès ; jeudi, Albières ; vendredi, Félines Termenès ; samedi, Davejean ; dimanche, Lanet.

Photo principale : Le food-truck de Bruno Espagnol © DR.

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