Espéraza : La Truitelle, grandes ambitions pour petits poissons en boîte

access_time Publié le 11/06/2024.

François Isambert, président de la société La Truitelle © C. Deschamps.

La Truitelle est une conserverie responsable spécialisée dans la transformation de petites truites bio de montagne des Pyrénées. Ouverte depuis 2020 à Espéraza, elle vient de décrocher un prêt d’honneur de 50 000 € du Réseau entreprendre Occitanie Méditerranée, qui récompense chaque année des entrepreneurs qui créent ou développent des projets porteurs d’emplois durables sur le territoire.

Une entreprise « d’utilité sociale »

L’entreprise est labellisée Esus (Entreprise solidaire d’utilité sociale), un agrément octroyé par l’Etat tous les 3 ans. « Nous avons donc une mission de contribuer à la transition écologique et au développement d’un territoire désindustrialisé, très pauvre, celui de la haute vallée de l’Aude », indique François Isambert, président de la société. Un territoire démuni dans un département où le taux de pauvreté dépasse les 20 % (Insee 2021), le plus élevé d’Occitanie.

La conserverie embauche six personnes supplémentaires en période de production © DR.

« L’idée est donc de redynamiser le territoire par de l’activité et des embauches avec des gens en grande difficulté sociale, éloignés de l’emploi, avec des problèmes d’addiction ou plus encore des réfugiés. L’essentiel des gens qu’on embauche pour mettre en conserve nos produits sont issus de l’immigration, c’est-à-dire des gens qui ont des papiers, qui sont accueillis, mais qui n’ont pas de travail », détaille le président de La Truitelle.

Préserver les ressources marines

Côté produits, les petits poissons utilisés dans la confection des conserves, provenant exclusivement d’Occitanie, ont un impact environnemental moindre grâce à leur provenance locale et à leur mode d’élevage en agriculture biologique (AB). Cette offre inédite en France participe aussi à la préservation des ressources marines et se présente comme une alternative à la surpêche des poissons de mer traditionnellement utilisés dans la conserverie (maquereaux, thon, sprat…) et particulièrement la sardine.

La taille moyenne des sardines adultes est, par exemple, passée de 15 cm à 11 cm en Méditerranée sur les 20 dernières années selon l’Ifremer. De même, dans le Golfe de Gascogne, les « stocks » de sardines sont classés depuis plusieurs années « dégradés et surpêchés » par l’institut. « C’est également la première conserve labellisée bio, c’est une nouvelle proposition dans les rayons bio des supermarchés ou dans les magasins bio », souligne le dirigeant.

Trois réseaux de distribution

Ces produits sont disponibles dans trois réseaux différents, dans trois gammes de prix et de qualité différents. La version gastronomique (environ 8 à 10 € la boîte de 85 gr) est présente « dans environ deux cents épiceries fines dans toute la France, notamment les plus belles comme la Grande épicerie de Paris et les galeries Lafayette, dans certaines capitales européennes et dans quelques points aux Etats-Unis« , explique François Isambert.

La Truitelle développe également une gamme (environ 10 € la boîte de 85 gr) pour les magasins labellisés bios, « une centaine environ en France dont 60 de la chaîne Naturalia, bientôt 140 à partir de l’automne » et une dernière gamme pour les grandes et moyennes surfaces (GMS) vendu depuis un an sous une autre marque, Audouce. « On commence à la trouver dans une centaine de grandes surfaces, essentiellement autour de Montpellier et Toulouse, avec, en ligne de mire des référencements sur les plateformes régionales et donc des déploiements plus importants au cours de l’année 2025, notamment sur Carrefour, Intermarché et Leclerc. »

Un chiffre d’affaires en croissance exponentielle

Car la petite conserverie basée dans le village audois d’Espéraza voit grand. Après une première levée de fonds lancée fin 2023, l’entreprise s’apprête à repartir en campagne grâce au prêt du Réseau entreprendre qu’elle vient de décrocher et ainsi poursuivre son développement. « C’est le lancement d’une nouvelle étape qui va permettre de renforcer nos fonds propres pour aller chercher d’autres financeurs avec deux objectifs : multiplier la commercialisation et préparer, à l’horizon début 2026, la création d’une nouvelle unité de production plus grande et plus adaptée pour répondre à la demande. »

Forte d’un chiffre d’affaires en croissance exponentielle depuis sa création (36 000 € en 2021 ; 90 000 € en 2022 ; 156 000 € en 2023 et 400 000 € espérés en 2024), l’entreprise vient d’acquérir sa propre pisciculture à Saint-Rome-de-Cernon dans l’Aveyron et envisage deux nouvelles embauches, ce qui ferait passer l’effectif de dix à douze employés permanents. De quoi agrandir la boîte.

Cyril Durand

Photo : François Isambert, président de la société La Truitelle © C. Deschamps.

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