Éric Ménassi : « La radicalité de la société impacte le travail des maires »

access_time Publié le 07/11/2025.

Entretien avec le président de l’Association des maires de l’Aude et premier magistrat de Trèbes, alors que s’ouvre ce vendredi 7 novembre le quatrième Salon des communes et des territoires à Limoux. S’y retrouveront les élus des neuf intercommunalités et des 433 villes et villages du département.

Comment s’annonce ce Salon des communes et des territoires alors que le contexte politique national est pour le moins tendu ?
Nous allons inaugurer la quatrième édition de ce Salon des communes et des territoires qui a été initié en 2021. Pour l’occasion et pour la première fois, nous quittons les deux villes-centres, Narbonne et Carcassonne : l’événement a lieu à Limoux. C’est assez symbolique puisque l’ADN de notre association, c’est aussi la ruralité. Le salon connaît un succès croissant et nous nous en félicitons. De nombreuses entreprises seront présentes et on devrait dépasser les 2 000 visiteurs.

Ce rendez-vous est attendu par les maires et élus locaux ? Que viennent-ils y chercher ?
C’est un moment qui s’est institutionnalisé dans le paysage politique audois et c’est une bonne chose. Cela nous permet à la fois de tisser des liens avec le monde de l’économie et aussi de cultiver un réseau. Les 433 maires des 433 communes de l’Aude sont conviés mais pas seulement. Il y a aussi les adjoints, les élus et les secrétaires de mairie. Ils viennent chercher essentiellement des contacts, parce que ce salon, c’est avant tout la présentation du tissu économique local. Ce qui est vraiment intéressant pour eux, ce sont aussi les thématiques que nous allons aborder tout au long de la journée sous forme d’ateliers et de conférences.

Justement, parmi les sujets au programme, actualité oblige, vous allez travailler sur la thématique des incendies…
On aura effectivement un atelier qui portera sur les incendies des Corbières et du littoral avec des témoins, des cadres du Service départemental d’incendie et de secours et nous allons évoquer, sous forme de retour d’expérience, comment ces incendies ont été traités. On aura aussi un atelier avec un avocat spécialisé pour traiter la thématique « Le maire et les troubles de voisinage ». Nous effectuerons ensuite un travail autour des agressions sous toutes leurs formes, que ce soit des insultes, des menaces, aussi bien physiques que sur les réseaux sociaux. En fait, on essaie de coller au maximum avec la réalité qui est vécue par les maires sur le terrain. Au travers de ce salon, nos collègues maires viennent en fait un petit peu parler de leur quotidien et essayer de trouver des solutions sur des problématiques qu’ils vivent tous les jours.

« Le travail des maires est le reflet de la société »

Éric Ménassi

Quelle est aujourd’hui la difficulté N.1 rencontrée par les élus sur le terrain ?
La réalité, c’est que le travail des maires est le reflet de notre société. Et aujourd’hui, on a une société qui devient de plus en plus violente. Les maires sont le premier réceptacle de cette violence qui devient ordinaire. On est dans une société de l’immédiateté, une société où il faut tout et tout de suite. On se rend compte depuis quelques décennies maintenant que chaque année, cette radicalité de la société impacte considérablement les maires. Vous savez, lorsque vous vous engagez dans un mandat de maire, vous le faites par conviction, pour le bien-être de vos concitoyens. Je crois que le vrai dénominateur commun de tous mes collègues maires, c’est cet amour presque irrationnel pour leur commune. Et je trouve très sincèrement qu’au-delà de nos nuances politiques, il y a tellement de points communs entre deux maires que cela crée forcément des liens. Tous les maires sont confrontés à la même réalité. Une réalité de sécurité, une réalité d’école, une réalité d’aménagement urbain, une réalité de cimetière, d’état civil… Vous voyez, toute cette réalité du quotidien crée des liens inévitablement entre nous.

Une réalité de terrain qui contribue aussi à faire du maire l’élu le plus proche des citoyens…
Incontestablement. Vous savez, s’engager dans cette voie, être maire, c’est un sacerdoce. On ne peut pas taxer les maires d’être des rentiers de la République. Le maire qui s’engage, il ne fait pas ça pour l’argent, c’est pas possible. Ou alors il change de métier. Et je ressens, dans la grande majorité, beaucoup d’enthousiasme, très sincèrement. Même si parfois l’usure du temps joue et que nous faisons face à des difficultés.

Comme des démarches administratives de plus en plus lourdes pour les communes, vous accompagnez aussi les secrétaires de mairie qui sont souvent en première ligne ?
Il y a d’abord un travail qui est réalisé par l’organisation administrative de notre pays. Les intercommunalités sont surtout des appuis essentiels pour les communes de petite taille. Ce n’est pas un hasard si nous avons invité aussi l’ensemble des secrétaires de mairie du département. Le rôle d’un secrétaire de mairie dans l’organisation de nos communes est essentiel. C’est aujourd’hui un mini DGS (directeur général des services, NDLR). C’est un couteau suisse. Il doit traiter l’urbanisme, il doit traiter les finances, il doit traiter l’état civil. Et c’est surtout le premier confident et le premier collaborateur du maire.

Un dernier petit mot sur le nouveau mode de scrutin qui sera mis en place dans toutes les communes lors des municipales de mars 2026 avec un scrutin par liste paritaire. Quelles sont les réactions des élus locaux face à cette nouveauté ?
C’est assez contrasté comme retour de terrain. À la fois, tout le monde comprend l’idée de la loi et il y a une certaine approbation de la nécessité de parité. Et de l’autre côté, de réelles difficultés sur le terrain à pouvoir assurer cette parité justement. Notamment au sein d’équipes déjà en place. Quand il faut dire à une personne qu’il faut partir, qu’on ne la reprend pas, au nom de la parité, ce n’est pas facile. C’est très difficile pour les équipes déjà en place qui avaient une volonté de pouvoir continuer l’aventure. Lorsque vous vous inscrivez dans une démarche municipale, vous vous engagez dans une aventure humaine qui crée des liens. Lorsque vous dites au bout de six ans à un homme, à une femme ou à plusieurs, « c’est fini »… forcément humainement c’est compliqué.

Propos recueillis par Arnaud Gauthier
Photo : Éric Ménassi, président de l’Association des maires de l’Aude. ©A.G.

Actualités

Après 31 années à la tête de Castelnaudary, Patrick Maugard ne repart pas au combat

Le maire de Castelnaudary a annoncé dans un long post Facebo ...
Actualités

Carcassonnais : 15 % des habitants sans médecin traitant, la sonnette d’alarme est tirée

Le nombre de patients sans médecin traitant explose dans le ...
Actualités

Un premier cas de grippe aviaire sur une grue cendrée dans l’Aude

Un cas d’influenza aviaire hautement pathogène a été confirm ...