Arnaud Manikeo joue sur la palette des émotions de manière originale

access_time Publié le 08/09/2022.

« Le but est de prolonger l’émotion »

La technologie au service de la découverte ou des souvenirs : Arnaud Manikeo joue sur la palette des émotions de manière pour le moins originale. Ce perpétuel inventeur nous explique son concept de réalité augmentée qui fait la part belle à son département : l’Aude.

Ai-je raison si je vous dis que vous êtes un touche à tout ?

Effectivement, avec le temps et l’expérience accumulée, je suis devenu polyvalent. Cela vient du fait que je suis curieux de tout, que je m’ennuie vite, surtout si je fais des choses répétitives, que je vis l’apprentissage comme un défi, et lorsque c’est appris ou qu’un projet est abouti, j’ai besoin d’un nouveau challenge.

Cela implique que j’aime apprendre pour faire et pour savoir faire moi-même et que j’aime innover, sans cesse. Je suis un « touche à tout » par envie, mais également par nécessité.

Toutes vos activités ont désormais un lien…

C’est cette convergence des métiers et des médias, qui m’a effectivement amené à lancer ma nouvelle marque, « Souvenirs augmentés », qui regroupe, au sein d’un site e-commerce, la création graphique, la vidéo, l’internet, les effets visuels et la 3D. La technologie utilisée est la réalité augmentée.

Qu’est-ce que la réalité augmentée ?

La « réalité augmentée » est une technologie qui permet le collage, la superposition d’éléments (images 2D, 3D, Vidéos, Sons, etc.) dans la réalité. La visualisation se fait, via la caméra et l’écran de son smartphone, de sa tablette ou de lunettes spécifiques, ou par l’écran de TV, par exemple).

L’algorithme reconnait l’image « marquée » (ou un QR code), reconnue par le logiciel qui va associer le contenu stocké dans la base de données et le lancer. La différence avec des effets visuels de post-production, c’est que tout cela se déroule en temps réel.

Je n’ai pas inventé cette technologie et je ne suis qu’un créatif passionné, et pour le moment j’utilise des logiciels ou applications existantes, mais tout comme j’utilise photoshop, Illustrator et Final Cut Pro X et une dizaine d’autres logiciels pour réaliser mon projet. L’utilisateur peut à la fois télécharger une application fournie, mais aussi et c’est là dessus que je mets l’accent, utiliser son navigateur web, sans application à télécharger, c’est ce qu’on appelle le WebAR.

« Le principe de la madeleine de Proust »

Comment vous est venue cette idée ?

J’adore les effets spéciaux, les effets visuels, les images de synthèse et la technologie. Je fais une veille technologique depuis longtemps sur les avancées qui permettent de gagner du temps (et donc de l’argent) sur la phase de conception ou de post-production. Les avancées technologiques des jeux vidéos, du cinéma d’animation ou du cinéma réel et des applications mobiles ou internet, ont apporté de nombreuses solutions.

J’avais initié un concept de lieu immersif à Paris en 2007, avec mon partenaire commercial, (un de mes anciens associés de notre première société), « l’évasion sensorielle », qui proposait dans « Le cocon digital » une expérience sur les 5 sens, avant l’essor des casques virtuels. Nous proposions une balade « virtuelle » relaxante, en vidéo, en son, dans un décor tactile, avec odorama, mur d’eau, sensation de vent, fumigènes, et une boisson, le tout pour « expérimenter » les cinq sens.

De là, l’idée de découvrir, ou de se souvenir grâce à la mémoire de nos sens, la synesthésie ou par le principe de la fameuse «madeleine de Proust», dans le but de se remémorer et de prolonger l’émotion.

Quand on dit photo et vidéo, on pense aussi à voyage…

J’adore voyager et je reviens toujours avec plein de photos et de vidéos. J’adore le concept du carnet de voyage, qui mélange dessins, photos et collages de souvenirs. Mais je manque de temps pour créer les miens. Parfois, j’imprime mes photos ou mes dessins, puis je les accroche sur mon frigo, ou je les affiche dans mon salon, quand je n’achète pas des magnets. Je fais des vidéos « souvenirs » que je mets sur YouTube, pour partager avec mes proches.

Mais je trouvais que l’image fixe des photos, manquait de contenu et je voulais trouver une idée pour associer mes photos à mes vidéos… Du coup, j’ai commencé par partager ces photos avec mes proches, en plaçant des QR codes dessus, pour les lier à mes vidéos ou faire des liens vers mes sites internet (en 2015). J’utilise les QR codes depuis 2004 sur mes cartes de visite et flyers, donc j’ai adapté à d’autres contenus…

Puis, je voulais trouver une solution pour ajouter des contenus (photos, musiques, vidéos et de l’interactivité, avec des boutons cliquables…) directement dans l’image et l’AR (Augmented Reality) m’attirait depuis plusieurs années. Comme ça, ils pouvaient regarder du contenu sur leurs propres téléphones, depuis mes objets qui avaient du contenu additionnel. Cela donne un côté magique, lorsque le contenu apparait et se révèle à l’image et j’aime voir cette surprise sur leur visage.

De quoi vous donner des idées ?

Vu l’intérêt, je me suis dit que je pouvais utiliser cette méthodologie et ces technologies pour d’autres personnes, mais de nombreux blocages et d’autres projets prioritaires (un film, un livre, un jeu…) ont fait passer ce projet en arrière plan entre 2018 et 2021. L’émergence de nouvelles solutions en AR à des tarifs plus accessibles pour moi, m’ont permis de débloquer la situation.

Je voulais ajouter du contenu, donner plus d’informations, amplifier la valeur émotionnelle d’un objet inanimé. Pour moi, ce n’était pas que l’objet qui était augmenté, mais bien l’émotion rattachée à un souvenir. Voilà comment est né mon projet « Souvenirs augmentés ».

« J’aime la prospective et la nouveauté »

À qui vous adressez-vous ?

À tout le monde ! Enfin, à toutes les personnes qui savent et aiment utiliser un smartphone ou une tablette. Pour le grand public, je lance des collections de produits tels que des cartes et affiches touristiques, des cartes d’anniversaire, des cartes de voeux, une collection de T-shirts et surtout, la possibilité de personnaliser ses propres contenus, comme des cartes albums photos, des messages vidéos, des invitations et des faire parts à des évènements, par exemple.

Pour le professionnel, je lance des offres de cartes de visites augmentées, des prestations pour des affiches, des couvertures de livres, des annonces immobilières, des étiquettes de bouteilles de vin et des annonces publicitaires, entre autres.

Dans une époque que l’on dira compliquée, jouez-vous sur le ressort de la nostalgie ?

Pas vraiment la nostalgie, j’aime la prospective et la nouveauté, mais plutôt le fait d’ancrer un souvenir et de le rendre impérissable. À une époque de zapping constant, où le contenu informatif nous inonde sans cesse, et sa consommation est infinie, et lorsque l’on passe d’un contenu à l’autre, on a déjà oublié le précédent… Je trouve cela dommage que cette surconsommation fasse perdre et oublier la valeur des choses.

J’essaye de revenir à des pratiques qui revalorisent l’émotion et cela passe par les cinq sens. Personnellement, je suis incapable de me souvenir des différentes « stories » que j’ai consultées le matin même sur Facebook, Instagram, TikTok, Pinterest, Snapchat, WhatsApp, LinkedIn etc… Sans parler du nombre d’e-mails que je reçois par jour et que j’oublie de traiter par manque de temps, du nombre de films ou de séries que je regarde sur Netflix, Prime Vidéo, Disney Plus, Apple TV et autres replays et dont j’oublie les titres…

Les cartes virtuelles (E-cards) de «Bonne année» ou d’ »anniversaire», complètement impersonnelles, dont j’oublie le destinataire. C’est sûr que plus jeune, lorsque je recevais une carte postale via La Poste, je la regardais sur le moment, mais à part la ranger dans une boite, je ne savais pas trop quoi en faire. Mais au moins, je me souvenais de l’attention qu’on m’avait portée en m’envoyant une carte.

Et aujourd’hui ?

Je me dis, que si je recevais, une carte personnalisée ou pas, originale, ludique, et pour laquelle, il y a des contenus informatifs, instructifs, amusants à découvrir, que je peux la garder et la re-garder, que cet objet concret marque ma mémoire et me donne envie de partager ce contenu révélé, avec mes proches lorsqu’ils viennent chez moi, par exemple, je serais content de leur faire découvrir cette « magie ».

Je me dis également que cet objet, cette carte, surtout si c’est moi qui me la suis envoyée à moi-même, je n’aurais pas envie de la ranger dans une boite, mais plutôt de l’afficher afin de me donner un « shoot » de bien-être dès que l’envie me prend de la re-re-regarder, de réactiver et revivre l’émotion attachée au souvenir.

« J’ai d’autres idées de collection »

De l’idée à la confection, y a-t-il eu un long chemin à parcourir ?

Plus de cinq ans, pour arriver à cette version de mon site Internet et des produits édités, mais comme expliqué plus tôt, l’idée a germé bien avant. Il a fallu également déposer le concept, la marque et tout ce qu’il y avait à déposer à l’INPI.

Comment se passent les débuts de ce projet ?

Comme à chaque nouveau projet innovant, (La création internet en 1997, les projets de lieux interactifs entre 2000 et 2004, Le projet d’escape game en 2004, La « bachata » depuis 2004, Le Cocon Digital et l’expérience en 4D, en 2007, Les Web TV, L’Escape Game en visio, Mon livre sur les Hypersensibles, mon film sur la bachata, l’utilisation de QR codes et j’en passe…), il y a cette phrase que je trouve pertinente dans cette phase de démarrage : « Toute vérité franchit trois étapes. – D’abord, elle est ridiculisée. – Ensuite, elle subit une forte opposition. – Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. »

J’ai testé mon « marché », lors du marché d’été nocturne à Narbonne-plage, durant le mois de juillet, et il y a eu un véritable engouement de la part du public lorsque je lui faisais une démonstration du concept et cela a déclenché de nombreuses ventes.

Des envies de développement ?

Toujours ! J’aimerais développer ma marque le plus loin possible, développer mes produits touristiques, créer des contenus au delà de l’Aude, développer mes produits thématiques et une collection de T-shirts… J’ai d’autres idées de collection, que je préfère garder dans le secret pour l’instant.

J’aimerais développer mes propositions de services aux professionnels et j’aimerais bien ouvrir une boutique dédiée, qui associerait les produits en vente et les services personnalisés, pour le grand public et les professionnels. Et à termes, j’aimerais développer ma propre solution technique (application mobile et web).

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