Invité sur le plateau de Public Sénat, ce jeudi 30 octobre, le sénateur de l’Aude, Sébastien Pla, s’est exprimé sur les mesures sanitaires prises face à la DNC qui touche les bovins. La ministre de l’Agriculture a annoncé, dans la matinée, la reprise des exportations.
Sébastien Pla, sénateur socialiste de l’Aude, était invité de l’émission « Bonjour chez vous » de Public Sénat. Interrogé par les journalistes de la chaîne spécialisée et de L’Écho du Languedoc, il est revenu sur le souhait des éleveurs de pouvoir bénéficier d’une vaccination plus large des bovins pour éviter la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Actuellement, la vaccination n’est obligatoire (et prise en charge par l’État) que sur les zones réglementées. Le parlementaire a également affirmé comprendre « l’angoisse des éleveurs » face à l’abattage de tout le troupeau touché par un cas de DNC. Une prise de position exprimé alors que 60 bovins ont été abattus à Valmanya, petit village des Pyrénées-Orientales, d’après nos confrères de L’Indépendant, mercredi 29 octobre.
« Je partage l’avis des éleveurs, a expliqué sur le plateau le sénateur répondant à l’une de nos questions. Je les ai rencontrés il y a 15 jours à la plus grosse foire agricole de l’Aude, à Espezel, où malheureusement il n’y avait pas d’animaux, puisqu’on venait d’apprendre les foyers de contagion dans les Pyrénées-Orientales. Le phénomène n’est pas nouveau, il a commencé au mois de juin. Je trouve la lenteur de la mise en œuvre de la vaccination assez préjudiciable et je comprends les craintes et les peurs de l’ensemble des éleveurs. La zone de vaccination fait aujourd’hui 30 km environ. Il aurait été, à mon avis, important au regard des transferts des cheptels en fin d’estive, que l’ensemble du périmètre et des massifs soit soumis à l’obligation vaccinale. »
« Je comprends très bien l’angoisse des éleveurs »
Une vaccination à plus grande échelle qui nécessiterait un stock de doses vaccinales conséquent. L’État est-il suffisamment doté ? « J’ai eu l’occasion d’interroger mercredi Mme la ministre de l’Agriculture lors des questions au gouvernement, rappelle Sébastien Pla. La réponse a été oui. Il y a assez de doses de vaccination. Mais pas assez de vétérinaires. Ça pose aussi ce problème-là central que l’on soulève depuis quelques années, c’est la désertification au niveau des vétérinaires sur nos zones. Et l’autre inquiétude, la plus importante et que je partage absolument pour avoir été dans une famille d’éleveurs, c’est cette obligation systématique d’abattage de l’intégralité du troupeau. Là, je comprends très bien l’angoisse des éleveurs. Et derrière, j’alerte sur le fait que, dans l’Aude notamment, nous avons des races rustiques très rares. Lorsque vous abattez le troupeau pour le remonter après… Ça devient très compliqué. »
Le député RN, Julien Rancoule, est aussi monté au front
Le député RN, Julien Rancoule, avait également interpellé, la veille, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture à l’Assemblée nationale. « Une production souveraine de vaccins et un stock stratégique auraient pu permettre une vaccination préventive et une réaction immédiate », a déploré le député de la 3e circonscription de l’Aude. Demandant aussi à la ministre de ferrailler avec l’UE pour que les animaux vaccinés ne soient plus soumis à une interdiction d’export durant 14 mois. « Allons-nous sauver ou sacrifier l’agriculture française ? », a interrogé Julien Rancoule.
« La DNC est une maladie redoutable contre laquelle il faut lutter avec beaucoup de détermination et de sérieux (…) La doctrine est de vacciner là où il y a les foyers pour éviter la contamination. C’est le rôle traditionnel d’une vaccination préventive (…). Pour l’instant, on est au combat, on est au front, il faut se concentrer sur les zones où il y a des foyers infectieux. Ensuite, on se posera la question de vacciner l’intégralité du cheptel. Mais encore faut-il que nous ayons les capacités vaccinales et que nous soyons en capacité d’en assumer les conséquences. »
Une réouverture des exportations
La ministre fait ici référence à l’interdiction d’export qui frappe les cheptels soumis à la vaccination. Et si Annie Genevard n’a pas répondu à la question du député RN sur un assouplissement de cette règle, elle a annoncé jeudi 30 octobre la reprise des exportations de bovins, jusque-là totalement interdite, dès le 1er novembre dans un cadre sanitaire maîtrisé. Pour les bêtes saines, non-vaccinées et hors zone réglementée. « Les éleveurs ont consenti à des efforts majeurs pour endiguer la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse. Je veux saluer leur sens des responsabilités et la rigueur de tous les acteurs de la filière qui sont engagés dans cette lutte car ils ont permis cette reprise anticipée des exportations, essentielle pour la vitalité économique de notre filière bovine », a affirmé la ministre.
Arnaud Gauthier
Photo : le sénateur socialiste Sébastien Pla était sur le plateau de Public Sénat ce jeudi 30 octobre. ©Capture écran
