Des véhicules qui se déplacent sur des axes précis et délimités, voici la nouvelle arme pour lutter contre les excès de vitesse.
Elles sont deux. Deux voitures-radars banalisées qui sillonnent depuis quelques jours certains axes du département pour enregistrer les excès de vitesse. Ces infractions sont ensuite analysées par des agents qualifiés des forces de l’ordre, en vue de verbalisation.
Dans sa volonté de lutter contre les comportements dangereux sur les routes particulièrement meurtrières de l’Aude, la préfecture déploie un nouveau dispositif annoncé comme redoutablement efficace : noyées dans le flot de la circulation, ces voitures passent inaperçues aux yeux des automobilistes tout en enregistrant les excès de vitesse… en roulant.
Trop d’accidents mortels dans l’Aude
« Dans l’Aude, nous avons un grave problème d’accidentalité, notamment mortelle. Si l’on compare avec les Pyrénées-Orientales, qui comptent plus d’habitants – et donc, malheureusement, plus d’accidents –, nous avons, dans l’Aude, un nombre supérieur d’accidents mortels », déplore Amélie Trioux, directrice de cabinet du préfet. L’étude statistique révèle aussi qu’en rapportant le nombre de tués à la population, deux fois plus de personnes meurent sur les routes de l’Aude que dans le reste de la France métropolitaine. Autre chiffre marquant : 30 % des accidents mortels sont dus à une vitesse inadaptée.
Efficacité et pédagogie prônées
Face à ce constat alarmant, la chasse aux excès de vitesse devient une priorité. Parmi les outils mis à disposition des forces de l’ordre, ces deux véhicules équipés de radars embarqués se veulent à la fois efficaces et pédagogiques. « L’objectif est de sanctionner les comportements réellement dangereux, pas le petit dépassement de vitesse sur quelques secondes pour doubler un véhicule avant de revenir à une vitesse normale. Il n’y aurait aucune pédagogie ici. Ce que nous visons, ce sont les conduites véritablement dangereuses. Nous ne cherchons pas à punir, mais à mettre en place un dispositif utile, qui fonctionne. C’est pourquoi un important travail de ciblage des axes d’intervention a été mené », explique Amélie Trioux. Parmi les axes ciblés (voire illustrations), on note la D6113, D118, D611 ou encore D613)
Recours à des sociétés privées
Ces voitures ne sont pas conduites par des gendarmes ou des policiers, mais par des chauffeurs d’une société privée. Ils ne connaissent pas le nombre de flashs effectués (technologie infrarouge invisible à l’oeil nu, NDLR), ni le nombre d’infractions relevées. Les données sont transmises au Centre national des infractions à Rennes où sont analysés les clichés par un policier ou un gendarme qui décide (ou non!) de verbaliser. C’est l’entreprise OTC qui a décroché le marché pour couvrir le Sud de la France. Une privatisation qui peut surprendre. Mais la directrice de cabinet tranche : « Nos gendarmes et nos policiers sont excellents, mais ils ne peuvent pas être partout. Ils sont attendus sur d’autres missions prioritaires comme les contrôles d’alcoolémie, de stupéfiants, ou encore sur les points de vente de drogue. Je préfère qu’ils se consacrent à la sécurité du quotidien. Ce dispositif permet justement de leur libérer du temps. »
Et de conclure : « Nous avons eu 40 morts sur les routes en 2024. Cette année, nous en sommes déjà à 22. Il faut prendre des mesures fortes pour éviter de revivre une année noire comme 2016, où l’on avait déploré 43 décès. »
Arnaud Gauthier
Photo : les axes sur lesquels évoluent les voitures radars. ©Préfecture Aude