La compagnie irlandaise avait annoncé durant l’été vouloir réduire la voilure en France en guise d’opposition à l’augmentation instaurée par l’État de la taxe de solidarité sur les billets d’avion. La liaison Carcassonne-Bruxelles sera suspendue à partir du 24 octobre.
Carscassonne – Bruxelles-Charleroi, c’est fini ! Le rideau sur la liaison aérienne opérée par Ryanair tombera à compter du 24 octobre de cette année. C’est ce qu’annonce la compagnie dans un communiqué qui répond ainsi à l’augmentation décidée par l’État français de la taxe de solidarité sur les billets d’avion. Pas forcément une fin en soi, plutôt une suspension pour être exact puisque le trafic devrait reprendre dès le printemps 2026.
En juillet déjà, la compagnie lowcost avait annoncé vouloir réduire son activité en France en guise de rétorsion aux taxes et avait ciblé plusieurs aéroports et liaisons. On pensait alors Carcassonne épargné par le courroux irlandais. Il n’en est donc rien : la compagnie aérienne stoppera dans un mois ses liaisons entre la préfecture de l’Aude et la capitale belge… au moins pour l’hiver.
“Ce n’est pas une catastrophe”
“On ne peut pas dire que ce soit une bonne nouvelle pour le territoire mais ce n’est pas une catastrophe, tempère le président de Carcassonne Agglo, Régis Banquet. C’est une ligne qui ne connaît pas de souci. Il y a même une bonne fréquentation en saison, elle reviendra donc en 2026. De la même façon sur la fréquentation de l’aéroport en général, on a connu une hausse globale cette année donc l’heure n’est vraiment pas à la panique.”
D’autant que la compagnie aérienne irlandaise est coutumière de ces pauses hivernales et avait laissé entendre cette décision depuis plusieurs semaines. En juillet, elle avait déjà annoncé une baisse de 13 % de ses opérations en France et la suppression de 750 000 sièges pour l’hiver 2025. 25 lignes étaient dans le collimateur. Le directeur commercial de la compagnie, Jason McGuinness, menaçait en juillet dernier : « À moins que le gouvernement ne change de cap et n’abolisse cette taxe aérienne injuste, la capacité et les investissements de Ryanair en France seront inévitablement redirigés vers des marchés européens plus compétitifs comme la Suède, la Hongrie ou certaines régions d’Italie, où les gouvernements suppriment activement les taxes aériennes pour stimuler le trafic, le tourisme, l’emploi et la reprise économique.”
Du côté de l’aéroport, on se veut rassurant. « Cette suspension n’est pas liée à une problématique carcassonnaise mais fait bien partie d’une décision nationale. Le trafic hivernal de cette liaison représente environ 6 000 passagers quand on en accueille 320 000 à l’année dont la majeure partie durant l’été, environ 80%. Alors, effectivement, nous aurions préféré que la liaison soit maintenue durant l’hiver mais cela n’affecte pas dramatiquement notre structure », explique le directeur, Cyril Dall’Ava.
D’après nos informations, si Ryanair arrête totalement ses services sur les aéroports de Bergerac, Brive et Strasbourg, une baisse de 9% est prévue à Marseille, 8% à Beauvais et 4% à Toulouse. Pour atteindre une baisse globale de 13% de son trafic en France, Ryanair baisse également ses activités sur les aéroports régionaux français de 27 %, dont la liaison Carcassonne-Bruxelles. En attendant donc le printemps 2026.
Une gouvernance bientôt modifiée
Si aujourd’hui, l’aéroport de Carcassonne est propriété de la Région Occitanie, d’ici la fin d’année 2025, un syndicat mixte sera créé pour en assurer la gestion. Le tour de table regrouperait la Région, le Département et Carcassonne Agglo. « C’est une volonté de Carca Agglo afin que nous puissions être pleinement associés à la stratégie de l’aéroport », explique Régis Banquet. D’autres collectivités pourraient également entrer dans le jeu. À suivre.
Arnaud Gauthier
Photo : les rotations devraient reprendre pour la saison estivale 2026. ©DR
1,8 M€ devront être remboursés
Pour assurer ses prix compétitifs affichés, la compagnie aérienne irlandaise s’appuie sur un parcours d’achat de billet parsemé de pièges pour facturer aux voyageurs des services pas toujours désirés. Surtout la compagnie est dopée aux aides publiques versées par les structures aéroportuaires qui maintiennent ainsi une activité et favorisent le développement économique de leur territoire. Une pratique que l’Union européenne surveille de près depuis des années. Comme pour de nombreux autres aéroports, la Commission européenne avait ainsi ouvert en 2012 une enquête pour faire la lumière sur des accords de commercialisation établis entre la CCI de Carcassonne et la compagnie entre 2001 et 2011. Si les enquêteurs européens n’ont rien trouvé à redire sur 11,7 M€ versés durant ces dix années, la compagnie aérienne Ryanair va devoir rembourser un total de 1,8 M€ indûment versés par l’aéroport et jugés illégaux. La compagnie aérienne a annoncé faire appel de cette décision.
