Structure emblématique de la place de l’Hôtel de ville, la marquise du bâtiment Aux dames de France entame la dernière ligne droite de sa restauration.
Un parfum de soudure fraîche flotte dans l’air chauffé à blanc par un soleil estival ce lundi 28 avril. En face de l’Hôtel de ville de Narbonne, voilé depuis de longs mois, le majestueux bâtiment aux Dames de France se refait une beauté. Plus exactement, la marquise faite d’acier, de fonte et de verre retrouve son éclat d’antan. Celui des heures glorieuses des grands magasins et de l’effervescence commerciale du début du XXe siècle. La marquise a ainsi vu passer les élégantes, les marchandises et les années. Usée, corrodée, fragilisée, elle menaçait de s’effacer discrètement du décor narbonnais. Mais la Ville, pourtant non propriétaire, a choisi de s’emparer du destin de ce bijou architectural de métal et de verre et de coordonner des travaux, facturés 1,2 M€.
« Après une phase de travaux en atelier assez longue, nous sommes sur la dernière étape du chantier qui concerne la mise en place de tous les éléments de la structure métalliques qui ont été refabriqués », détaille David Delbourg, directeur technique de la Ville denarbonne. Il s’agit clairement d’un chantier qui sort de l’ordinaire.
De la Belle Époque à aujourd’hui
Depuis les premières alertes, émises voilà plus de deux ans quand un camion de livraison a heurté une des colonnes de la marquise, toute une série de procédures – d’abord administratives puis techniques – se sont succédé. Il a fallu identifier les propriétaires de l’édifice. Generali d’un côté pour Monoprix (62,5%) et la famille Labau de l’autre (32,5%). Une procédure en contentieux existant, la Ville de Narbonne a décidé de prendre en charge financièrement cette seconde partie en attendant un verdict judiciaire. Ensuite, les Bâtiments de France ont veillé au grain et la réfection de la marquise se devait de respecter à la lettre un cahier des charges scrupuleux, allant même jusqu’à demander l’analyse des pigments de la peinture la plus ancienne… Une étude stratigraphique qui a révélé la teinte d’origine : un vert sobre et élégant, résolument Belle Époque.

Une teinte originelle
C’est donc une teinte originelle qui recouvre aujourd’hui les éléments d’acier et de fonte. Du moins ceux qui ont dû être repris en atelier. La partie ne nécessitant aucune réfection demeure pour l’heure tristement rouillée en attendant les touches finales. Sur leur échafaudage, des ouvriers des entreprises Les métiers du fer, Sele et Atelier M s’affairent à restaurer la charpente métallique alors que quatre nouvelles colonnes ont été coulées en fonte, chacune pesant près de 800 kg. Jusqu’à présent, 6 tonnes de structures ont été retravaillées ! Les chêneaux sont également repris avec une réfection du zinc, ils conduiront l’eau de pluie directement aux colonnes. Elle s’écoule à l’intérieur de ces dernière.
Restera la pose du verre armé sur une surface de 228 m2 ! 3 km de joints seront nécessaires. Ainsi que les travaux de finition. Pour célébrer l’achèvement, la Ville a programmé une grande fête gratuite sur la place de l’Hôtel de ville. La marquise le mérite bien !
Arnaud Gauthier
Photo principale : les ouvriers qualifiés s’activent pour redonner à la marquise son ancien éclat. ©A.G.