Aurélien Sanchez : « Je suis plus un aventurier qu’un coureur »

access_time Publié le 11/11/2025.

Aurélien Sanchez a grandi à Belvèze-du-Razès dans le Limouxin. Cet Audois pure souche de 34 ans est un grand spécialiste des courses à pied long format. Entre autres exploits, il est le premier Français à avoir terminé la terrible Barkley. De retour sur ses terres natales, il vient de relier les huit forteresses candidates à l’Unesco… en 41 heures, sans GPS ni assistance. Un incroyable défi.

Pouvez-vous nous raconter un petit peu comment est né ce projet ?
C’est une idée du Département de l’Aude qui porte une candidature pour le patrimoine de l’Unesco pour ses huit forteresses. Ils voulaient associer un défi à ce projet, pour mettre en valeur le patrimoine et aussi l’aspect culturel et sportif. Ils m’ont sollicité et m’ont suggéré l’idée de relier toutes ces forteresses à pied.

Et ça vous a semblé, dès le début, réalisable ?
Oui, tout à fait. J’ai regardé où elles se situaient précisément même si je connaissais la plupart d’entre elles. J’ai établi un itinéraire et j’ai vu que ça correspondait théoriquement à 240 kilomètres et à 8 000 mètres de dénivelé positif. La question, c’était surtout de savoir sous quel format partir.

La pluie a accompagné Aurélien sur une longue partie du parcours. ©Département 11

C’est-à-dire ? Quelles étaient les options ?
C’était évident que j’étais vraiment chaud pour ce projet mais je voulais lui donner une dimension « défi ». J’ai donc fait le choix de partir sans montre, sans téléphone, sans GPS… Je devais m’orienter à la carte et à la boussole. Et comme la météo n’était pas au rendez-vous, tout n’a pas été facile ! Quand on a froid et qu’on a les mains frigorifiées, par exemple, ce n’est pas évident. L’objectif, ce n’était pas de réaliser un chrono incroyable parce qu’avec un équipement technique ou des ravitaillements tous les 5 kilomètres, c’est sûr que je serais allé plus vite. Mais je n’étais pas forcément la bonne personne pour faire ce genre d’aventure avec toute une assistance. Je suis plus un aventurier qu’un coureur ! C’est l’aventure qui me plaît ! Si j’avais eu un GPS et des ravitaillements, ça n’aurait pas été un vrai défi.

Et de l’aventure, avec cette météo dantesque, vous en avez eu !
C’est le moins qu’on puisse dire. La première nuit a été agréable avec une météo parfaite. Mais, rapidement, le lendemain à partir de 8h, il a commencé à pleuvoir et même à faire de sacrées averses avec des gros orages. On était en alerte jaune sur le département, on a failli être en alerte orange. Des conditions qui ont duré 24 h, avec des pluies, certes un peu moins intenses à certains moments, mais qui étaient continues.

« Je voulais le minimum d’ssistance »

Aurélien Sanchez

Comment fait-on face dans ces conditions ?
J’ai essayé de me couvrir du mieux que je pouvais mais c’est vrai que c’était dur. J’ai eu énormément froid et beaucoup d’irritations. J’ai dû composer avec des douleurs et souffrir à certains moments, surtout sur la deuxième nuit où j’étais vraiment trempé jusqu’aux os. Je voulais vraiment vivre une aventure qui se rapproche du minimalisme et du patrimoine et de ce que tout ça représente pour moi. Du coup, je voulais le minimum d’assistance pour que le maximum de variables soient présentes sur le terrain, pour que ce soit un défi à tous les niveaux. Là, j’ai dû composer avec tout ça. J’ai eu des soucis un peu avec tout et j’ai quand même réussi à gérer et à rallier l’arrivée dans un temps satisfaisant.

La soif sur le plateau de Sault

À aucun moment on regrette de s’être lancé dans un tel défi quand on est dans le dur ?
Non ! Au contraire ! J’ai une anecdote en tête à ce sujet : j’ai commencé à avoir très, très soif sur le plateau de Sault, autour d’Espezel. Et là, je me suis dit, c’est exactement pour ça que je fais ce genre d’aventure. C’est parce que là, la prochaine fontaine que je vais voir, je vais vraiment être soulagé. Et super content de pouvoir me ravitailler en eau. Et c’est dans ces intensités qu’on vit aussi de vraies émotions. Quand tu es assoiffé pendant 2-3 heures et que tu trouves enfin une fontaine, tu es tellement heureux de pouvoir boire. C’est une sensation qu’on n’éprouve pas si on ne vit pas avant de telles intensités. Et là, je me suis dit : c’est pour ça que je fais ce genre de défi.

L’heure du réconfort après de longues heures de souffrance. ©Département 11

C’est parce que sur ce genre d’aventures, on ne peut pas tout prévoir de A à Z. Il y a des sections où je vais avoir soif, il y a des sections où je vais avoir faim, il y a des sections où je vais avoir froid. Mais en fait, quand tout ça est passé, que ce n’est plus qu’un vieux souvenir et qu’on est enfin au chaud, rassasié, qu’on a enfin bu, on se sent d’autant mieux ! Bien plus que si tout avait été fluide. Donc pour revenir à la question : non, je n’ai regretté à aucun moment.

Le sommeil, c’est une difficulté supplémentaire à gérer…
J’ai l’habitude de faire des longs formats et je savais que potentiellement sur moins de 48 heures, je n’allais pas forcément avoir besoin de dormir. Je comptais donc partir en non-stop et c’est ce que j’ai fait. La dernière nuit a quand même été compliquée. Je commençais à dormir debout en marchant et à perdre de la lucidité, à faire des erreurs d’orientation. Je devais vraiment me concentrer beaucoup plus sur la carte pour voir mon parcours, voir où je devais passer parce qu’il me manquait vraiment du sommeil. Mais quand le jour s’est levé, le dernier jour, au bout de 38 heures, je me sentais bien.

« C’est un défi qui appartient à tout le monde »

Aurélien Sanchez

Si vous deviez retenir un moment de ces 41 heures, vous choisiriez lequel ?
Ce qui m’a le plus marqué, c’est quand j’ai partagé le milieu de la deuxième nuit. On était quatre, il y avait trois copains avec moi. Je titubais, je m’endormais debout. Le corps commençait un peu à se mettre en mode sommeil, parce qu’inconsciemment, j’étais accompagné donc moins concentré. Mais ce moment-là représente aussi le partage, il y avait des gens qui étaient là, à 3h du matin et un peu à toutes les heures sur l’aventure. Parce qu’au final, ce que je veux retenir, c’est que ce défi, ce n’était pas que le mien. C’était vraiment un défi pour mettre à l’honneur les forteresses royales du Languedoc pour cette candidature de l’Unesco. C’est un défi vraiment qui appartient à tout le monde, à tous ceux qui vivent ici, dans l’Aude et dans l’Ariège, mais aussi ceux qui viennent visiter les forteresses. C’était vraiment un défi qui était un bon moment de partage avec tous les gens qui venaient sur le parcours. Et même avec ceux qui me suivaient sur internet. Et ça, ça m’a beaucoup touché. Voilà ce que je retiens, c’est le partage.

Votre programme maintenant, vous avez de nouveaux objectifs en vue ? De nouveaux défis ?
Oui, je suis en train de m’entourer de partenaires pour faire le Pacific Crest Trail aux Etats-Unis, c’est la traversée des Etats-Unis du Mexique jusqu’au Canada. Donc, là, c’est 4 200 kilomètres, ça se fait en 45 jours environ, au plus rapide en tout cas. Et c’est quelque chose que je n’ai jamais fait : un mois et demi et autant de distance. C’est un gros projet logistique, partagé aussi. J’espère que ma compagne viendra. Je suis en train de prévoir ça. Tranquillement.

Propos recueillis par Arnaud Gauthier
Photo : Aurélien Sanchez retient les moments de partage tout au long du parcours. ©Département 11

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