La Chambre régionale des comptes d’Occitanie a présenté, jeudi 4 septembre, un audit-flash sur la politique des billets de TER à 1 €. Si le dispositif a dopé la fréquentation ferroviaire de 68 % entre 2019 et 2024, il pèse lourd sur le budget régional et reste insuffisant pour inciter massivement au report modal ou réduire significativement les émissions de CO₂.
C’est un dispositif phare dans la communication de la Région Occitanie qui nécessitait l’attention de la Chambre régionale des comptes (CRC) d’Occitanie. Cette dernière a ainsi présenté, ce jeudi 4 septembre, son audit-flash sur la politique tarifaire des billets de TER à 1 € réalisé sur la période 2019-2024. Si l’initiative a dopé la fréquentation et rencontré un large succès auprès du public, l’étude met en lumière le coût pour les contribuables et l’impact limité sur le report modal et l’environnement.
Une fréquentation en hausse de 68% en 5 ans
Initiée en 2011 dans l’ex-Languedoc-Roussillon, l’offre à 1 € a été reprise et élargie par la Région Occitanie. Elle comprend aujourd’hui cinq formules : billets week-end, billets jeunes, billets contingentés, billets sur cinq lignes historiques et billets spéciaux en cas de pics de pollution.
Entre 2019 et 2024, la fréquentation du réseau TER a bondi de 68 %, faisant de l’Occitanie la région où la croissance est la plus forte en France. Mais malgré cela, “la population d’Occitanie reste une de
celles qui utilise le moins le train proportionnellement à sa population”, précise la présidente de la CRC Occitanie, Valérie Renet. Toutefois, “le taux de remplissage est l’un des meilleurs (39%), la moyenne en France se situant vers 32 %”, précise Isabelle Houvenaghel, présidente de section à la CRC. Mais cela peut certainement s’expliquer par le fait que l’offre de services est plus faible qu’ailleurs, “les trains sont donc davantage pleins”.
Un quart de l’augmentation dû aux billets à 1 €
Les projections pour 2032 visent à atteindre “100 000 voyageurs par jour sur l’ensemble du réseau ferroviaire, sachant que nous sommes aujourd’hui à 80 000 voyageurs par jour”, indique la présidente de la CRC Occitanie. Les offres tarifaires à 1€ sont ainsi un levier d’action pour améliorer la fréquentation sur lequel la Région compte s’appuyer. Et, selon l’audit de la CRC, cela semble être un moyen pertinent.
En 2023, plus de 2,7 millions de billets à 1 € ont été vendus, soit près de 13 % des voyageurs-kilomètres. Les week-ends à 1 € ont généré 47 % de voyages supplémentaires au premier semestre 2024. “Un quart de la hausse de la fréquentation observée entre 2019 et 2024 est dû aux billets à 1 % et surtout au billets jeunes et aux billets week-end en été”, indique Valérie Renet.
Une charge financière pour le contribuable assumée
La CRC a également passé au peigne fin les coûts de ce dispositif. Le transport ferroviaire étant compétence de la Région, “celui-ci représente environ 30 % de son budget, qui est de 3, 5 milliards”, a rappelé Valérie Renet. “Il s’agit de son pôle de dépense numéro un, comme toutes les régions de France”, soit un quart de ses dépenses de fonctionnement.
Sur celui-ci, les offres à 1 € coûtent environ 9,1 millions d’euros par an, “l’usager ne payant jamais la totalité le coût du service, loin de là”. Ici, les recettes commerciales couvrent 23,4 % des coûts d’exploitation, un ratio en deçà de la moyenne nationale (32,8 %). Le reste est financé par l’impôt.
“C’est un choix politique assumé par Carole Delga, nous ne sommes pas la pour évaluer une politique publique”, souligne la présidente de la CRC, notant tout de même, de fait, “l’effet positif de cette politique tarifaire sur la fréquentation”.
Un levier insuffisant pour changer les habitudes
Cependant, la CRC rappelle que le prix du billet n’est pas le premier frein à l’usage du train : selon une enquête Ipsos de 2023, les voyageurs évoquent d’abord la fréquence, les horaires et la durée des trajets. “Ce sont la qualité de service et l’amplitude de l’offre qui priment sur le tarif”, résume Mme Renet. La qualité de service reste d’ailleurs un point faible : en 2023, la fiabilité et la ponctualité des TER en Occitanie (environ 86,5 %) figuraient parmi les plus basses de France.
Des bénéfices environnementaux nuancés
Si la Région ambitionne de réduire de 40 % les émissions de CO₂ par voyageur-kilomètre, l’audit met en évidence des résultats contrastés. Certaines lignes à traction thermique, peu fréquentées, affichent des émissions proches de celles de la voiture individuelle, limitant l’impact écologique du dispositif.
Cyril Durand
Photo : une hausse de la fréquentation de 68% sur cinq ans des TER a été observée en Occitanie. © Illustration – L’Echo du Languedoc