Sous les ors de la préfecture de l’Aude, le représentant de l’Etat, le directeur départemental de la police nationale et le commandant du groupement départemental de la gendarmerie ont tiré la sonnette d’alarme : la cocaïne est désormais « partout ».
C’est un rituel auquel se plient tous les préfets de l’Hexagone en début d’année : dresser le bilan de la délinquance des 12 mois écoulés dans leur département. Une étude statistique baptisée depuis peu « L’atlas de la délinquance » qui est publiée fin janvier, qui permet de suivre désormais l’évolution de 17 indicateurs et dont nous avons déjà tiré les principales conclusions. Mais au-delà des chiffres, Christian Pouget, préfet de l’Aude, s’est attardé le 6 février dernier sur la « banalisation de la consommation de cocaïne ».
Un billet de 10€ pour se fournir
En jetant un coup d’oeil dans le rétroviseur, Christian Pouget rappelle que « du stock a été fait pendant le Covid. Il y a eu des saisies mais le stock est toujours là. » Et la loi du marché étant ce qu’elle est, la conclusion directe et première de ce sur-stock est un effondrement des prix. Une analyse conjoncturelle appuyée par Laurent Sindic, directeur départemental de la police nationale : « Le gramme était à 150€ il y a 10 ans. Aujourd’hui, on est entre 60€ et 90€. » Des consommateurs règlent même leur portion de dose avec « un billet de 10€ ». Bref, une véritable démocratisation de la consommation d’une drogue qui était, il y a encore peu, réservée à un public clairement identifié. Une cocaïne « que l’on trouve partout, même en zone rurale », s’alarme le colonel David, à la tête de la gendarmerie audoise.
Points de deal et consommateurs dans le viseur
Des points de deal dans l’Aude peuvent générer entre « 15 000 € et 20 000 € par jour », chiffre le patron départemental de la police. Un néo-phénomène que tentent d’enrayer les forces de sécurité audoises. En s’alignant sur les stratégies de lutte nationale : le harcèlement. Celui des points de deal comme des consommateurs. Les saisies font également office d’arme de luxe pour lutter contre le narco-trafic. En 2024, elles ont permis de récupérer 80 000€ liés au trafic de drogue en zone police et 173 000€ en zone gendarmerie. Des sommes auxquelles il convient d’ajouter les véhicules interceptés mais qui, rapportées au chiffre d’affaires quotidien de certains points de deal, rappellent que la bataille sera longue.
Photo principale : la chute des prix de la cocaïne a favorisé sa propagation jusqu’en milieu rural. Photo DR®
Arnaud Gauthier