Mardi 3 juin, un exercice a permis de tester la réactivité des secours audois en cas d’évènement tragique.
20 h 10. La police reçoit un appel. Des témoins alertent : un homme armé a été aperçu et deux détonations ont été entendues à l’Arena de Narbonne. Suffisant pour activer rapidement un COD (centre opérationnel départemental) à Carcassonne et un poste de commandement opérationnel (PCO) en sous-préfecture de Narbonne. De ces lieux stratégiques seront coordonnées l’arrivée des différents services de secours. C’est le but de l’opération qui a eu lieu mardi 3 juin au matin : un exercice de gestion de crise.
Un exercice minutieusement préparé
Pour conférer à ce test grandeur nature tous les aspects du réel, une centaine de figurants (internes à l’hôpital de Narbonne ou militaires au 3e RPIMa) vont jouer les rôles de blessés, plus ou moins graves. Ils feront face à un assaillant déterminé alors qu’ils ont pris place dans une file d’attente afin d’entrer dans la salle de spectacle où un concert est donné. Des grenades explosent, un panache de fumée envahit le parvis et des insultes et mots menaçants fusent. Quelques minutes plus tard, des sonneries stridentes hurlent : l’ensemble des téléphones portables des personnes se trouvant à proximité reçoivent un SMS d’alerte. Il s’agit du dispositif FR Alert.
Des policiers de la bac, suréquipés, arrivent sur zone. Des mini-colonnes de trois unités se positionnent de part et d’autre de l’enceinte. Assaillant dans le viseur. C’est alors que le scénario évolue. Le forcené décide d’entrer dans la salle. Une information qui parvient au COD.

La directrice de cabinet du préfet, Amélie Trioux, qui participait pleinement à l’exercice et n’avait donc aucune information en amont, explique : « D’après le retour caméra de la mairie, au sein de l’Arena, on nous informe que l’assaillant est entré. C’est ce qu’on appelle des injects dans le scénario. Quelles questions je me pose alors ? J’ai combien de personnes au sein de l’Arena ? Dans mon malheur, j’ai une bonne nouvelle : au lieu d’en avoir 5 000, comme l’autorise la jauge, j’en ai 50 à 100. On avance comme ça. Est-ce qu’on sait si on a des blessés ? Est-ce qu’on sait si on a des personnes décédées ? Comment on évacue les gens ? Comment on les accueille ? »
L’assaillant est neutralisé
Ce type d’exercice permet aussi de répondre à des questions aussi simples qu’essentielles : « Où est-ce qu’on place le point d’accueil aux victimes ? Qu’est-ce qu’on fait des familles qui veulent savoir si leurs proches sont concernés par l’attentat ? On a pu aussi tester la cellule d’appel au public, qui est une nouveauté à la préfecture. Et qui a très très bien marché », détaille la directrice de cabinet.
Sur le terrain, les hommes d’action sont aussi scrutés de près. Des formateurs observent leur déplacement, leur positionnement, leur réaction. À l’heure de neutraliser l’assaillant, quand la tension est la plus palpable, la température monte sous les casques. L’homme est à terre. Il faut à présent évacuer les blessés et les otages. Tout en assurant leur sécurité. Un corridor d’extraction est alors mis en place.

“Il faut tester nos capacités de réaction”
L’exercice était aussi à destination du parquet de Narbonne. Le procureur de la République, élément clef dans ce type d’événement est entré en action : “Le parquet de Narbonne, puisqu’on était clairement sur des qualifications d’assassinat et de tentatives d’assassinat, a été saisi. C’est la raison pour laquelle, dans le cadre de la cellule qui était installée à la préfecture, il a fallu que je me rende sur place pour ensuite entendre quelles étaient les actions menées dans le cadre d’une procédure qui devenait automatiquement judiciaire. Puis coordonner les services d’enquête les plus adaptés. En l’occurrence, les services régionaux de police judiciaire ont été mobilisés, plus toutes les composantes techniques et scientifiques qui peuvent accompagner pour satisfaire la manifestation de la vérité, une fois que le malfaiteur a été neutralisé, ce qui faisait partie du scénario”, explique Éric Camous.
Un exercice trois objectifs
Au final, l’exercice aura permis de répondre à trois objectifs : s’entraîner pour être prêt en cas de survenue d’un évènement dans le département, améliorer la coordination entre les services, tester la réactivité et la mobilisation des moyens.
Si la directrice de cabinet saluait : “La grande réactivité des services et de la société civile qu’on a prévenue par le dispositif FR Alert. La population narbonnaise a été exemplaire.” De son côté, le procureur de la République rappelait que “le risque d’attentat ou le risque d’une action de la part d’un individu totalement déséquilibré est aujourd’hui à prendre en compte. Il ne s’agit absolument pas de faire peur à nos concitoyens, mais simplement de leur dire que nous sommes là avec eux pour les protéger et que pour savoir les protéger, il faut aussi nous tester, tester nos procédés, tester nos capacités de réaction. Voir à la fois ce qui fonctionne et ce qui mérite d’être amélioré.”
A.R. et A.G.
Photo : les équipages de la bac sont intervenus lors de cette simulation. ©A.G.