Anne Roumanoff : “Je m’autorise toujours un petit pas de côté”

access_time Publié le 07/03/2025.

Avec son spectacle “L’expérience de la vie”, l’humoriste “toujours surprise et amusée par les transformations de la société” est à Carcassonne le 12 mars et à Narbonne le 14 mars. 

Vous êtes actuellement en tournée avec votre dernier spectacle “L’expérience de la vie”, comment se passe la rencontre avec le public ? 

Très bien, très très bien même ! Comme toutes les autres ! Même si une représentation ne ressemble jamais à la précédente, même si on n’est jamais tout à fait la même sur scène, on va dire que, globalement, ce spectacle se passe très bien. J’ai d’excellents échos et, surtout, les gens sont très heureux que je les fasse rire, qu’ils sortent un peu de tout ce qui les angoisse aujourd’hui. Et il n’y a rien qui me fait plus plaisir que de voir les gens à la sortie du spectacle avec le visage illuminé parce que je les ai détendus. Je me dis que c’est quand même super d’être capable de faire ça. Même moi, ça m’étonne d’avoir cette capacité-là. Ça me surprend toujours !

Vous avez de bons éléments de comparaison puisque ce spectacle est votre 14e ! Une longévité peu commune et en même temps, vous multipliez les dates en 2025 (15 sur le mois de mars). Vous êtes engagée à la fois dans un marathon et dans un sprint, comment gérez-vous cela ?

Alors 15 dates dans le mois, c’est un peu exceptionnel quand même ! Mais la clef, c’est que je fais ce que j’aime. J’aime être sur scène, c’est mon métier. Je n’ai pas d’activité parallèle. Vraiment, c’est mon métier central et, comme un boulanger qui se lève tous les jours, je me consacre à mon métier tous les jours. Je trouve qu’il y a des tâches beaucoup plus compliquées. Et puis, j’ai appris avec le temps à me ressourcer. J’ai tout un processus, pour ne pas dire un rituel, avant un spectacle. Avant de monter sur scène, j’emmagasine de l’énergie, j’ai besoin d’un temps de solitude, de repos. C’est vraiment très important, parce que 1h40 sur scène, ce n’est pas anodin.

C’est un processus que vous avez mis en place grâce à un coach de vie ? 

Rire (le coach de vie, le développement personnel est l’une des thématiques du spectacle, NDLR). Non, non, ça s’est fait au fil du temps, on apprend à se connaître. Je pense que ce sont des choses personnelles, que c’est différent pour chaque personne.

Vous venez de dire que faire rire, c’est votre métier. Vous avez pourtant fait Sciences Po, ce n’est pas la plus évidente des filières pour devenir humoriste… 

J’avais effectivement cette volonté de devenir actrice. Et si je n’y arrivais pas, mon souhait c’était d’être journaliste. Parce que j’adore rencontrer des gens, poser des questions. Je suis très curieuse, j’aime bien écouter ce que disent les gens à la table d’à côté au restaurant par exemple…J’adore écrire aussi donc c’est vrai que ça m’aurait plu d’être journaliste, c’était mon plan B.

Dans une période plutôt noire, les gens ont peut-être plus que jamais besoin de votre style d’humour plutôt bienveillant et rassembleur. Vous accentuez du coup cette caractéristique ? 

On ne choisit pas vraiment le style d’humour qu’on pratique. On découvre au fur et à mesure le style qu’on a. Au début, on ne s’en rend pas forcément compte. Après, moi, j’essaie de ne pas m’enfermer dans des postures, en me disant “je fais ça, je ne fais pas ça”. Vraiment pas. Je travaille beaucoup au feeling. Quand j’écris un spectacle, je le teste énormément dans des petites salles. Et là, ça fait un an et demi que je joue ce spectacle. J’ai joué à l’Olympia au Casino de Paris et pourtant  je suis encore en train de changer des petits détails. On ajuste, on peaufine, et c’est ça qui me passionne : le côté “work in progress”, de tout le temps se remettre en question. Et puis bien évidemment, je me cale aussi sur la réaction du public.Il y a des thèmes qui vont les faire hurler de rire et des moments où c’est plus compliqué. Certains thèmes peuvent les angoisser. J’essaie de trouver la manière et l’axe pour parler de certaines choses.

Vous incluez toujours dans vos spectacles la partie “Radio bistrot” qui est votre marque de fabrique. C’est aussi une séquence qui doit évoluer au fil de l’actualité ? 

Il y a à la fois une structure et à la fois des évolutions bien sûr. Je vais commenter des choses qui se sont passées parfois il y a deux jours. Et puis il y a aussi tous les sketchs qui sont en interaction avec le public où je fais réagir la salle. Et c’est vrai que ce sont aussi des moments où je m’amuse beaucoup, parce que souvent, il se passe des choses inattendues. Après, l’écriture d’humour, c’est très précis, donc je ne m’amuse pas non plus à changer le texte tous les jours. C’est tellement de travail de mise au point. Mais je m’autorise toujours un petit pas de côté. Je peux couper des répliques, j’en rajoute d’autres, j’en invente, j’en garde. D’ailleurs, on appelle cela le spectacle vivant, ce n’est pas pour rien. Et c’est ce qui fait que chaque représentation, finalement, est unique. C’est ce qui m’éclate.

« Comme beaucoup d’artistes, je m’imbibe, j’absorbe »

Anne Roumanoff

Pour pouvoir dépeindre vos personnages, vous devez être en veille permanente dans la vie de tous les jours, à l’affût. Vos amis doivent être sur la retenue pour éviter de se retrouver caricaturés dans vos spectacles ?  

Non, ils me connaissent ! Et puis, je ne fais pas de la reproduction ou de la photographie des gens. C’est vraiment de la re-création. Comme beaucoup d’artistes, je m’imbibe, j’absorbe. Et après, ça ressort ! C’est vrai qu’une fois, j’avais quand même fait une bouchère qui était vraiment précise et pour le coup elle ne s’est pas reconnue ! Mais en règle générale, j’extrapole quand même pas mal. C’est une caractéristique de ma personnalité.

Votre spectacle s’appelle “L’expérience de la vie” et non “les expériences”. C’est voulu, ce singulier ? 

Ce qui m’intéresse c’est : “qu’est- ce qu’on retient de la vie ?”, “qu’est- ce qu’on comprend de la vie ?” C’est un thème un peu philosophique. Alors plusieurs personnages donnent leur point de vue. Je parle des réseaux sociaux, du développement personnel, des coachs, des machines automatiques, des relations amoureuses… C’est un spectacle qui est très, très 2025. C’est l’expérience de la vie racontée par une femme de 59 ans mais toujours surprise et amusée par les transformations de la société. 

Alors justement, vous, d’un point de vue personnel, qu’est-ce que vous avez compris de la vie ?

Qu’on ne comprend rien ! Mais après, c’est ce que je trouve intéressant, c’est d’être justement tout le temps en mouvement, d’être en quête, de chercher à comprendre, de chercher à s’améliorer. Donc moi, je cherche à m’améliorer humainement et artistiquement aussi. Je pense que la société actuelle nécessite, quel que soit le métier, d’être dans un processus de perpétuelle adaptation. C’est flippant et c’est aussi passionnant parce que ça bouscule, ça fait progresser, ça remet en cause. Sinon, la vie, elle serait très linéaire. 

Photo : Anne Roumanoff : « Tout le temps se remettre en question. »©DR

Propos recueillis par Arnaud Gauthier

Tarif : 45 €, placement assis numéroté, tél. 04.11.82.14.55.
www.narbonne-arena.fr

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