À Port-la-Nouvelle, Hyd’Occ a produit sa première molécule d’hydrogène vert  

access_time Publié le 17/12/2025.

Projet d’envergure, l’usine Hyd’Occ produit de l’hydrogène. Il alimentera les stations d’un réseau qui se déploie en parallèle pour les futurs bus et camions. Et autres usages d’avenir.   

Ce n’est pas tous les jours qu’une usine sort de terre. Encore moins une usine d’hydrogène vert ! C’est pourtant ce qui se déroule à Port-la-Nouvelle. Et c’est historique. Sur le site portuaire, Hyd’Occ a émis le 4 décembre sa toute première molécule d’hydrogène vert. Infime. Invisible. Mais chargée de promesses. On parle de révolution. De nouvelle ère énergétique. D’une initiative partie intégrante du plan de transition énergétique de la région qui vise à soutenir la mobilité zéro carbone pour les bateaux, les camions et les trains locaux. Alors, concrètement, de quoi s’agit-il ? 

L’hydrogène vert grâce aux éoliennes  

D’abord Hyd’Occ. Une société créée en juillet 2020. Derrière, deux actionnaires : Qair, à 92 %, et la Région Occitanie, via l’Arec, à 8 %. La première pierre a été posée en juin 2023. Et le site de Port-la-Nouvelle produit donc depuis le début du mois de décembre de l’hydrogène vert.  Pourquoi de l’hydrogène ? Pourquoi vert ? Qair mise sur ce carburant du futur ou plutôt sur ce “vecteur d’énergie”. Le principe est simple. Sur le papier. On prend de l’eau. On casse la molécule H₂O et on obtient d’un côté de l’oxygène. De l’autre, de l’hydrogène. C’est l’électrolyse. Les souvenirs de physique-chimie du collège. Pour produire de l’hydrogène vert, il faut que l’électricité utilisée pour l’opération soit renouvelable. Ça tombe bien, au large du port, les éoliennes développées par Qair produiront 33 MW. L’usine Hyd’Occ en consommera 30. La boucle est bouclée. Surtout si on ajoute, qu’à terme, l’eau proviendra des rejets de la station de traitement du Grand Narbonne de Port-la-Nouvelle, après purification maximale.  

L’oxygène ressort par cette cheminée. ©A.G.

Plus adapté que les moteurs purement électriques pour les poids lourds 

Maintenant, pourquoi miser sur cette molécule ? Pourquoi avoir construit un site de production en masse d’hydrogène vert ? Il faut d’abord s’accorder sur le fait que l’ère des énergies fossiles s’achèvent. L’hydrogène peut faire fonctionner des moteurs. Soit directement comme carburant soit en créant de l’électricité via une pile à combustible. “On voit que les moteurs électriques sont très adaptés pour des petits trajets urbains, dans des véhicules légers, pour des usagers qui n’ont pas besoin de grandes autonomies, explique Jean-Sébastien Lasbouygues, directeur de l’hydrogène chez Qair. Mais pour d’autres usages les moteurs électriques classiques ont leurs limites. Notamment pour les engins lourds comme les bus ou les poids lourds. Voire pour des besoins industriels pour remplacer le gaz. Là, l’hydrogène devient très intéressant.” 

L’arrière d’un « tube trailer » qui alimentera les stations de recharge. ©A.G.

Qui roule à l’hydrogène ?  

Hyd’Occ compte trois clients pour son hydrogène : un bateau de la Région (Hydromer, une drague pour nettoyer les ports), une société américaine et des stations de recharge. Force est de constater qu’aujourd’hui peu d’usagers roulent à l’hydrogène et l’arrivée de ces stations de recharge peut interroger. Mais Qair (comme ses concurrents) est persuadé d’un avenir radieux pour cette molécule. “C’est le problème de l’oeuf et de la poule, détaille Jean-Sébastien Lasbouygues. Difficile de développer un réseau de distribution tant qu’il n’y a pas un besoin pour les usagers. Et difficile de multiplier les utilisateurs s’il n’y a pas suffisamment de de stations pour recharger son véhicule.” 

L’Agglo de Béziers a franchi le cap avec des bus à l’hydrogène 

Alors, Qair prend les devants et développe depuis plusieurs années maintenant son réseau de distribution d’hydrogène, toujours main dans la main avec la Région, via une société petite soeur d’Hyd’Occ et baptisée DH’Occ. La première station est sortie de terre à Béziers. Et a procédé à sa première recharge test ce lundi 15 décembre. Béziers, c’est tout sauf un hasard : ici, l’Agglo renouvelle son parc de bus et investit sur 13 cars qui rouleront à l’hydrogène. Leur arrivée est annoncée pour la rentrée de septembre 2026. Le besoin sera là, le réseau est en place. 

La seconde station à être mise en service est à Narbonne, ce jeudi 18 décembre. “L’idée est d’avoir un maillage du Nord de l’Europe à l’Espagne  avec des stations tous les 100 km. La partie consacrée à l’Occitanie est porté par le projet Corridor H2”, poursuit le directeur des projets Hydrogène chez Qair. Castelnaudary, Rivesaltes, Narbonne, Béziers et Saint-Jean-de-Védas, voilà les stations ou futures stations uniquement pour le réseau DH’Occ. D’ici 2030, la Région mise sur l’installation de 55 stations en Occitanie. Hyd’Occ et Port-la-Nouvelle devraient en alimenter une bonne partie. Une usine qui démarre. Une molécule qui sort. Et une transition énergétique qui se construit au rythme des usages qui arrivent. 

Arnaud Gauthier
Photo : l’usine chargera en hydrogène vert des « tube trailers » qui partiront sur les stations de distribution. ©A.G. 

Quatre paires d’électrolyseurs produiront 2 700 tonnes d’hydrogène  

100 M€ ont été investis pour l’usine Hyd’Occ et son réseau de distribution. L’usine produira 20 MW (en première phase) grâce à ses quatre paires d’électrolyseurs. Ils sont alimentés par un courant de 400 volts continu. La première étape consiste donc à transformer les 63 000 volts alternatifs fournis par RTE. Une fois l’électrolyse effectuée – grâce à une eau purifiée de tous ses sels minéraux et accélérée par l’hydroxyde de potassium -, il faut compresser l’hydrogène. À 80 bars d’abord puis à 450 bars ensuite. Indispensable pour le transport, cette étape n’est pas encore opérationnelle à Hyd’Occ. Une fois compressé, l’hydrogène est chargé grâce à des camions spéciaux, des tubes trailers, qui emportent avec eux 1 tonne d’hydrogène à destination d’une station de recharge où la “remorque” pleine est laissée pour alimenter en direct la station. Le camion repart immédiatement avec la vide. À l’usine, le chargement se fait en permanence, au fur et à mesure, de la production qui s’établira à 2 700 tonnes à l’année.  

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