À Narbonne, une ingénieuse initiative pour aider les victimes de violences intrafamiliales

access_time Publié le 24/11/2025.

À l’occasion du 25 novembre, une action met en place des boîtes d’alerte destinées à recueillir discrètement les appels à l’aide de victimes de violences intrafamiliales.

« À toutes celles qui vivent dans la peur, vous n’êtes pas seules. Votre message sera entendu et votre parole sera protégée. » Des mots simples et efficaces prononcés par Julie Fontanet, alors que ce mardi 25 novembre marque la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. La présidente du club Soroptimist présente ainsi les boîtes d’alerte. Une initiative inédite, née à Narbonne, pour lutter contre ce fléau aux statistiques qui font froid dans le dos. Elle permet à toute personne victime ou témoin de violences intrafamiliales de déposer anonymement un message, grâce à des post-it et stylos laissés à disposition. L’objectif est simple : favoriser la libération de la parole des victimes de violences. Porté par le club Soroptimist, en partenariat avec le tribunal judiciaire de Narbonne, le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), l’association d’aide aux victimes Anav Aj, le Grand Narbonne et la Ville, le dispositif sera prochainement proposé aux commerçants narbonnais. Il sera le premier maillon d’une prise en charge plus large et globale.

« Ce geste simple et silencieux pourra être le début d’une démarche de protection »

« Ces boîtes ont pour but d’être installées dans des lieux ordinaires (des cabines d’essayage, une salle d’attente, une pharmacie…) qui peuvent l’espace d’un instant devenir un refuge pour demander de l’aide. Elles seront donc installées dans ces lieux de vie discrets et neutres », détaille Julie Fontanet. Mais que contiennent ces fameuses boîtes ? « On y trouve les numéros d’urgence, des QR codes, un post-it unique et un stylo pour laisser un message discret », poursuit la présidente du club Soroptimist.

La personne victime et en recherche d’aide glissera son SOS écrit dans la fameuse boîte qui fait aussi usage d’urne. Le commerçant alerté qu’un message a été déposé transmettra la boîte aux personnes compétentes pour l’ouvrir et donner la suite requise. « Ce geste simple et silencieux pourra être le début d’une démarche de protection. Et donc, les commerçants qui accueilleront ces boîtes, en collaboration avec le CIDFF, permettront de mener un partenariat précieux », conclut Julie Fontanet. Les boîtes sont par ailleurs équipées d’un violentomètre pour alerter au fur et à mesure que des caps sont franchis dans une relation toxique voire dangereuse.

De boîtes discrètes et scellées

Ces boîtes d’alerte, fabriquées gracieusement par l’Imprimerie de Bourg, sont effectivement discrètes et scellées. Seul le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles sera habilité à ouvrir ces boîtes et à en relever le contenu. L’association prendra ensuite contact avec les personnes ayant laissé un message, afin d’évaluer la situation, d’orienter les victimes vers les services compétents et d’assurer, si nécessaire, un accompagnement personnalisé. Les informations recueillies pourront également déclencher une enquête judiciaire, sous l’autorité du parquet de Narbonne. L’association Anav Aj 11 assurera par ailleurs un suivi auprès des victimes.

« Ce qui est important pour nous, c’est d’intervenir rapidement, explique Marie-Christine Munoz, présidente du CIDFF. Ce sont uniquement des professionnels qui pourront intervenir sur ces boîtes, les ouvrir et en prendre connaissance des messages. L’intérêt, c’est de ne pas laisser ces boîtes longtemps dans un service, qu’elles soient récupérées le plus rapidement possible. »

« Le parquet pourra diligenter une enquête »

« Le parquet de Narbonne soutient bien évidemment cette initiative qui a vocation à mieux protéger et accompagner les victimes. Mais aussi, de manière plus générale, sensibiliser et responsabiliser chacun face aux violences intrafamiliales. Donc, sur la base des signalements qui nous auront été transmis par le CIDFF, le parquet pourra diligenter une enquête pénale afin de déterminer si les faits sont avérés », explique Catherine Corvaisier.

La vice-procureure a profité de la présentation de ce dispositif pour appeler : « Nous pouvons aussi mobiliser d’autres leviers de protection qui sont notamment le « téléphone grave danger » et l’ordonnance de protection. Le « téléphone grave danger » est un téléphone attribué, en règle générale pour 6 mois, par le parquet aux victimes, qui permet d’alerter les services de police ou de gendarmerie par un circuit court, en vue d’une intervention rapide. Et avec l’accord de la bénéficiaire du dispositif, on peut aussi géolocaliser son téléphone. C’est un dispositif qui permet vraiment de rassurer et de protéger les victimes. »

Protéger aussi les enfants

Dans le cas où des enfants seraient également en danger, « l’ordonnance de protection permet à la femme victime, en général ce sont plus les femmes qui sont victimes de ce type de violences, d’avoir des décisions provisoires sur la résidence des enfants, l’interdiction d’un droit de visite et d’hébergement, de pouvoir mettre en protection les enfants. La personne qui en bénéficie peut solliciter une autorité parentale exclusive, ce qui permet d’enrayer aussi le mécanisme de l’emprise », explique Gaëlle Carrette, juge des enfants.

Au-delà de son rôle d’alerte, ce dispositif joue aussi un rôle de sensibilisation, en relayant une communication ciblée sur les comportements violents ou toxiques qui peuvent conduire à des drames. Les partenaires rappellent que, malgré l’ampleur du phénomène, la majorité des victimes ne franchit jamais le seuil d’un commissariat. En 2024, les services de sécurité ont enregistré 272 400 victimes de violences conjugales en France ; 84 % étaient des femmes, dont la plupart âgées de 20 à 45 ans. Et pourtant, une victime sur six seulement porte plainte.

Arnaud Gauthier
Photo : l’ensemble des personnes et organismes engagés dans la chaîne de lutte contre les violences conjugales ont présenté les boîtes d’alerte. ©A.G.

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