A Lagrasse, des boulangers devenus « Justes parmi les nations »

access_time Publié le 13/05/2022.

N’écoutant que leur courage et leur humanité, Lucien et Agnès Bertrand, paisibles boulangers à Lagrasse, ont caché un couple de réfugiés juifs en mai 1944.

En juin 1940, une fois l’armistice signée, le gouvernement de Vichy décide de régler le sort des réfugiés en les parquant dans différents camps comme celui de Rivesaltes par exemple. Dans l’Aude, les juifs sont regroupés au sein d’un ancien couvent qui appartenait aux Sœurs de Nevers. On y trouve des avocats, des enseignants, des médecins, tous réunis pour… casser des cailloux comme s’ils étaient au bagne.

De cette histoire lagrassienne, qui bascule en mai 1944, il existe deux versions. La première veut que Paula Neiger, femme juive, est venue se réfugier dans ce petit village niché dans les Corbières. Dans sa petite maison, discrètement louée, elle cache un autre juif : Martin Tattmar.

L’autre version veut que les deux personnages centraux de l’histoire sont, comme les autres, retenus dans le camp de Lagrasse quand ils apprennent que tout le monde va être dirigé vers Bram à l’occasion d’une descente des Allemands et des miliciens.

« Vous aider sera notre récompense »

Toujours est-il que Paula et Martin parviennent à s’enfuir ou à se cacher alors que la Gestapo est dans les rues de Lagrasse. Ils demandent de l’aide dans le village où les portes et les fenêtres se referment discrètement.

Pour autant, personne ne les dénonce. Les deux fuyards se réfugient alors dans la boulangerie du village tenue par Lucien et Agnès Bertrand qui vivent à Lagrasse avec leurs trois filles âgées de sept à onze ans.

Après s’être longuement concerté, le couple de boulangers, malgré le risque d’être déporté et fusillé, décide de recueillir les deux réfugiés juifs et de les cacher dans une pièce située au-dessus du four. Personne n’est au courant. Même pas les filles dans un premier temps.

« Nous ne voulons pas d’argent, ni maintenant, ni jamais. Si nous pouvons vous aider, ce sera notre récompense », confient-ils au moment de leur accorder une clandestine hospitalité.

Justes parmi les Nations

Paula Neiger et Martin Tattmar demeureront cachés pendant neuf mois, échappant ainsi aux différentes fouilles menées dans le village par la Gestapo et la milice. Une des filles des boulangers aiguillera même les miliciens sur une fausse piste d’un résistant, évitant ainsi que le magasin et la maison ne soient fouillés de fond en comble par les Allemands.

A la fin de la guerre, Paula Neiger et Martin Tattmar décidèrent de s’unir pour le meilleur après avoir connu le pire. Après avoir tenu un magasin de tissus à Carcassonne, ils firent le choix de s’exiler aux Etats-Unis.

Sans oublier, bien entendu, le couple de boulangers de Lagrasse qui reçurent, chaque année, une photo-souvenir postée de Cincinnati avec de nombreux cadeaux et la dédicace suivante : « En souvenir à nos plus chers, vous, toute la famille Bertrand. »

Lucien et Agnès Bertrand se virent décerner, le 29 juillet 1968, le titre de Justes parmi les Nations par l’Institut International de la Mémoire de la Shoah. Il est dit que quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier.

Sources : Musique et patrimoine de Carcassonne (blog).

Photo principale : la compagnie Imaziren © Stéphane Avdjian.
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