Narbonne : un lieu unique pour accompagner les victimes de violences conjugales 

access_time Publié le 23/12/2025.

Les statistiques font froid dans le dos. Les violences intrafamiliales n’épargnent pas l’Aude. Bien au contraire. Alors une structure est née. 

Plus de 1 000 faits de violence intrafamiliale dans l’Aude en 2024. Et près d’une femme par jour accueillie à l’unité médico-judiciaire de Narbonne. Les chiffres sont dramatiques. Alarmants. Une large union était nécessaire. À Narbonne, un nouveau lieu d’écoute, de protection et de reconstruction s’apprête à voir le jour. À compter du 5 janvier 2026, la Maison des femmes ouvrira ses portes, devenant la première structure de ce type dans l’Aude. Elle sera destinée aux femmes victimes de violences conjugales, aux femmes victimes d’agression sexuelles et aux femmes enceintes en situation de précarité ou de vulnérabilité. 

Porté par le centre hospitalier de Narbonne, avec l’appui du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), du tribunal judiciaire, de l’Agence régionale de santé, du Grand Narbonne et de la Ville de Narbonne, ce dispositif marque une avancée majeure dans la prise en charge des femmes victimes de violences sur le ressort du tribunal judiciaire narbonnais. 

Trois faits de violences recensés par jour 

La Maison des femmes s’adressera prioritairement aux femmes victimes de violences conjugales ou d’agressions sexuelles, ainsi qu’aux femmes enceintes en situation de précarité ou de vulnérabilité. En 2024, 1 072 faits de violences intrafamiliales ont été recensés dans l’Aude par les forces de l’ordre. Chaque année, près de 300 femmes sont accueillies à l’unité médico-judiciaire de Narbonne et plus de 260 femmes, majeures ou mineures, sont prises en charge aux urgences pour des agressions. Ces chiffres laissent entrevoir une fréquentation estimée à une dizaine de nouvelles victimes par semaine. 

“Ce n’est pas un lieu d’hébergement. Il s’agira d’un guichet unique, la Maison des femmes proposera un parcours d’accompagnement global et individualisé”, explique Agathe Lollichon, médecin aux urgences et membre dynamique à la création de cette structure, avec Julie Holemans, infirmière coordinatrice. La Maison des femmes articulera prise en charge médico-psychologique, suivi social et accompagnement juridique. Des permanences médicales, psychologiques et sociales seront assurées, complétées par des permanences juridiques, notamment grâce au soutien du CIDFF et de l’ANAV-AJ (association d’aide aux victimes). 

Rompre l’isolement des victimes 

Ces temps permettront d’informer les victimes sur leurs droits, de les accompagner dans leurs démarches et de faciliter le dépôt de plainte dans un cadre sécurisant, en dehors du commissariat. Au-delà de l’accompagnement individuel, la structure ambitionne également de rompre l’isolement des femmes accueillies, à travers des temps collectifs, des cafés des femmes et des ateliers favorisant la reconstruction personnelle, sociale et professionnelle. 

Une association dédiée pour gérer la structure 

La mise en service de la Maison des femmes se déroulera en deux phases. Du 5 janvier au 9 mars 2026, l’accueil sera assuré dans des locaux temporaires situés à la Maison des Trois Nourrices, avec deux permanences hebdomadaires, les lundis et vendredis, de 9 h à 17 h. À compter du 9 mars, la structure rejoindra ses locaux définitifs au 8 rue du Bourget, à proximité immédiate du centre hospitalier, et élargira ses horaires d’ouverture du lundi au vendredi, hors mercredi. 

La Maison des femmes, c’est aussi un projet qui a vu le jour grâce à l’implication de l’ancien procureur de la République de Narbonne. Éric Camous a soutenu sans faille le dispositif, relayé par son successeur Jean-Philippe Rey. La structure sera portée par une association dédiée, disposant d’un budget annuel de fonctionnement estimé à 150 000 euros. Elle bénéficiera du soutien financier de l’Agence régionale de santé, de la Ville de Narbonne, qui mettra les locaux à disposition, ainsi que du collectif ReStart. Afin de garantir la pérennité du dispositif, un appel à la solidarité est lancé, notamment à travers l’organisation d’une course solidaire le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. 

Arnaud Gauthier
Photo : l’ensemble des acteurs qui ont contribué à la naissance de la Maison des femmes. ©A.G. 

Pratique : un e-mail de contact (maisondesfemmes@ch-narbonne.fr) est en service et un numéro de téléphone sera actif dès le 5 janvier (06.26.66.07.30). 

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