« Apporter de la justice et de la justesse », Ludovic devient juge au tribunal de commerce

access_time Publié le 28/11/2025.

Ludovic Remaury a prêté serment ce jeudi 27 novembre. Il compte désormais parmi les 19 juges consulaires du tribunal de commerce de Narbonne. Rencontre.

« Je le jure. » La main droite levée dans la salle d’audience du tribunal judiciaire de Narbonne, ce jeudi 27 novembre, Ludovic Remaury rejoint officiellement le cercle des juges du tribunal de commerce de la juridiction. Un rôle méconnu du grand public, mais essentiel au fonctionnement de l’économie locale. À Narbonne, ils sont 19 juges bénévoles, placés sous la responsabilité du président Paul Senaux.

Pour Ludovic Remaury, l’instant est solennel. « Forcément, il y a une petite pensée pour mes deux grands-pères. L’un était bâtonnier, l’autre notaire. Alors aujourd’hui, je pense à eux. » Pas de stress particulier mais une émotion bien présente lorsqu’il s’avance à la barre pour quelques minutes de prestation de serment.

À la sortie du tribunal judiciaire, serment prêté, Ludovic rejoint le tribunal de commerce, à quelques mètres de là. C’est ici qu’il siégera dans les prochains mois. « Je suis très honoré de cette mission. Je l’aborde avec beaucoup d’humilité. Cela faisait un petit moment que je voulais m’engager pour l’économie de notre territoire et l’accompagnement des dirigeants dans leurs difficultés », explique-t-il calmement.

De la vigne familiale au conseil aux dirigeants

Audois de naissance, Ludovic Remaury a grandi au cœur des vignes du Minervois. Un ancrage rural qui le conduit naturellement vers des études d’ingénieur dans le domaine agricole, avec une double spécialisation en œnologie et en gestion d’entreprise. Son parcours le mène d’abord à la direction de la cave coopérative de Roquefort-des-Corbières, puis à la tête d’une maison de négoce. Une trajectoire cohérente, teintée de responsabilités économiques et managériales.

« En 2010, j’ai changé d’univers pour partir dans le conseil aux dirigeants. Je suis associé depuis 13 ans chez Espace Innovation, une société qui accompagne les dirigeants de cabinets d’expertise comptable dans leur mutation de métier. » Un parcours qui l’a poussé à intégrer la magistrature consulaire. « Aujourd’hui, ma profession m’envoie très souvent loin de l’Aude, et cela fait quelques années que je réfléchis à mettre bénévolement mes compétences et mon goût de l’entreprise au service de ma région pour apporter de la justice et de la justesse », ajoute-t-il avec le sens de la formule. Son profil convainc le président Senaux. Commence alors un processus de formation obligatoire. « Il est dispensé par l’école nationale de la magistrature. Ce sont huit modules que nous suivons à Montpellier. »

Un engagement bénévole qui peut durer jusqu’à 14 ans

Ludovic Remaury entame ainsi un premier mandat de deux ans. Une période d’observation réciproque. « Nous ferons des points réguliers au cours de ces 24 mois. Au bout de deux ans, si le tribunal n’émet pas de réserve et si Ludovic est convaincu par l’expérience, il repartira pour un mandat de quatre ans. Qui pourra être renouvelé deux fois, ce qui fait 14 ans au total. Et il faut rappeler que si nous avons le statut de magistrats, nous sommes tous bénévoles. C’est important de le savoir », insiste le président Paul Senaux.

La mission est dense : statuer sur les litiges commerciaux, accompagner les entreprises en difficulté, prévenir les défaillances, et trancher les contentieux. À l’aube de cette nouvelle responsabilité, Ludovic Remaury affiche sa motivation. « Je suis prêt à m’impliquer pleinement pour cette mission dans son rôle de prévention et d’anticipation des difficultés pour les dirigeants, dans son rôle d’accompagnement pour la sauvegarde des entreprises, dans son rôle d’application de la loi et de jugement des contentieux. »

Une rentrée solennelle le 21 janvier

Prochain rendez-vous pour le nouveau juge : l’audience solennelle de rentrée, moment fort de l’année judiciaire. Elle se tiendra le 21 janvier à 14 h. « Les personnalités et acteurs du monde économique, judiciaire et plus largement sont là, explique Maître Sophie Heurley, greffier du tribunal de commerce de Narbonne. C’est un moment important de l’année. » Rendez-vous en janvier.

Arnaud Gauthier
Photo : Maître Sophie Hurel et le président Paul Senaux entourent le nouveau juge, Ludovic Remaury. ©A.G.

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