L’artiste Stéphane Parain peaufine depuis début octobre une oeuvre monumentale qui viendra s’installer sur le toit du Centre d’art contemporain pour une année. Il a ouvert les portes de son atelier de création.
“C’est une amie galeriste qui m’a envoyé le dossier de candidature.” Les grandes histoires tiennent parfois à presque rien. À des détails qui bousculent une vie. À un hasard qui tombe bien. Stéphane Parain a rempli ce fameux dossier, et quelques semaines plus tard, le voilà choisi par le Centre d’art contemporain de Carcassonne pour imaginer l’œuvre monumentale qui dominera bientôt le toit de l’ancienne Banque de France. Depuis plusieurs semaines, l’artiste parisien façonne donc “Bloom”, une déflagration de couleurs de plus de 250 kg, pensée pour électriser l’angle des rues Voltaire et Jean-Bringer. Elle sera inaugurée le 3 décembre.
Salarié de l’Opéra de Paris, où il construit les décors des plus grands spectacles, Stéphane Parain s’est mis en disponibilité début octobre. Sous sa seconde casquette d’artiste contemporain, il a posé ses valises et ses outils, à Carcassonne pour donner vie à Bloom. “C’est une évocation à Holi, la fête indienne des couleurs. L’idée est de représenter une effusion chromatique suspendue dans l’espace. Un symbole de l’énergie collective et de la joie partagée”, confie-t-il aux visiteurs qui ont pu découvrir le chantier lors de deux journées portes ouvertes des 18 et 20 novembre.
Des cubes de polystyrène
Des moments de rencontre où une question revient souvent : comment installer, une fois achevée, cette structure aussi imposante sur le toit du Centre d’art contemporain ? L’artiste sourit : “Bloom est composée de blocs de polystyrène. Ce qui est bien avec cette matière c’est qu’elle est composée d’air à plus de 90 %. Donc au regard du volume qu’elle nous permet de créer, elle ne pollue pas tant que ça. Son autre avantage c’est que l’air, c’est léger ! L’oeuvre ne pèse donc “que” 250 kilos malgré sa taille imposante. Ensuite, elle sera divisée en quatre parties pour être acheminée sur sa plateforme en hauteur. Des découpes ont déjà été effectuée pour cela.” Sacré pari pour celui qui a décroché le titre de Meilleur ouvrier de France en 2011, catégorie sculpteur.

Autant dire que la technique de sculpture, il la maîtrise. “On est parti de cubes de polystyrène que nous avons travaillé avec un “fil-chaud”, des scies, un couteau, j’ai même acheté et bricolé une petite tronçonneuse.” Les blocs perdent alors leurs angles, deviennent courbes, ondulations, masses flottantes. Une fois la forme trouvée, place aux couches de fibres de verre époxy pour solidifier, puis au crépi pour masquer la trame et obtenir l’aspect poudreux qu’il recherche.
Un travail de longue haleine, alors que sa compagne et leur tout nouveau-né sont restés à Paris… On ne maîtrise pas toujours son calendrier. Mais il “remonte à Paris les voir assez souvent quand même !”
Le temps file
Ce mardi 18 novembre, Stéphane Parain aborde la partie la plus délicate : la peinture. “Je ne suis pas peintre de formation. Alors, je tente, j’essaie des choses. Car je veux absolument donner un aspect poudreux aérien à l’oeuvre. C’est cette partie de création qu’on recherche absolument quand on est en résidence. C’est aussi ce qui est plaisant. Même si là, ce qui fait la particularité du projet c’est que je suis à la fois en résidence et en même temps je dois répondre à une commande. Donc c’est un peu stressant.” Le défi est clair : créer, oui, mais livrer à temps.
Les premières couleurs apparaissent. Des tons clairs, lumineux, qui serviront de base. Viendront ensuite les nuances sombres, puis le fluo pour provoquer l’explosion attendue. Rendez-vous le 3 décembre pour découvrir l’œuvre achevée. Elle restera en place un an.
Arnaud Gauthier
Photo : Stéphane Parain a pris le temps, durant deux jours, d’expliquer son travail aux visiteurs. ©A.G.
Pratique : les portes de l’atelier de Stéphane Parain sont à nouveau ouvertes ce jeudi 20 novembre. Tél. 04 68 77 73 96.
