Entre 4 000 et 7 000 viticulteurs en colère dans les rues de Béziers

access_time Publié le 16/11/2025.

Des milliers de viticulteurs ont défilé samedi dans les rues de Béziers pour dénoncer l’effondrement des prix, la pression de la concurrence étrangère et des normes jugées ingérables. Une démonstration de force portée par une filière unie, décidée à obtenir des mesures rapides pour éviter l’asphyxie économique.

Ils étaient 7 000 selon les organisateurs, 4 000 selon la préfecture de l’Hérault : les viticulteurs se sont mobilisés ce samedi 15 novembre à Béziers. En première ligne de cette journée, les organisations professionnelles viticoles : syndicats de vignerons de l’Aude, du Gard, de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales, Vignerons indépendants, coopératives d’Occitanie, Jeunes agriculteurs de ces départements et FRSEA Provence-Alpes-Côte d’Azur. La filière entend ainsi afficher une unité rare face à une crise considérée comme structurelle. De nombreux audois, élus et syndicalistes, étaient du déplacement. Dont Damien Onorée, président du syndicat des vignerons de l’Aude, et visage de la contestation. En fin de journée, des bus de viticulteurs ont été contrôlés par les forces de l’ordre à Coursan, créant quelques tensions.

Une délégation devrait être reçue au ministère de l’Agriculture

La manifestation, ponctuée de détonations de pétards mais globalement calme, s’est organisée autour d’un constat partagé : la pression de la concurrence étrangère, les prix tirés vers le bas par la grande distribution, le poids des normes et les effets du réchauffement climatique fragilisent durablement les exploitations. Le préfet François-Xavier Lauch a annoncé qu’une délégation serait reçue le 24 novembre au ministère de l’Agriculture, à la veille du salon Sitevi, où la ministre Annie Genevard est attendue.

Lors d’un précédent échange, trois axes de travail avaient été évoqués : un soutien de trésorerie via des prêts de consolidation, un nouveau plan d’arrachage d’environ 35 000 hectares et un renforcement de l’action commerciale internationale. Dans l’immédiat, la mobilisation a aussi rassemblé FNSEA/JA et Coordination rurale, deux organisations souvent opposées, qui ont présenté une vingtaine de demandes portant sur la régulation des prix, l’accès à l’eau, la simplification administrative ou l’assouplissement de la loi encadrant la publicité pour le vin, la loi Evin.

Manifestations des viticulteurs le 15 novembre à Béziers ©G.G

Sur la scène installée place Jean-Jaurès, Jérôme Despey a galvanisé les manifestants. Il a plaidé pour “une année blanche bancaire en 2026” et dénoncé les prix pratiqués par la grande distribution. S’adressant au bars et resturant, il a ajouté “nous devrons trouver un pacte commun car c’est scandaleux de retrouver nos vins à un prix multiplié par 6 ou 10”.

“Sans rentabilité, pas d’investissement, pas d’économie”

Sur la concurrence internationale, il a fustigé l’arrivée de produits élaborés selon “des conditions qui ne sont pas les nôtres”. Il a également défendu la place des agriculteurs dans la transition environnementale : “à ceux qui nous jugent, venez dans nos vignes et vous verrez que l’écologie c’est nous”. Avant de rappeler les fondamentaux économiques, “sans rentabilité, pas d’investissement, pas d’installation, pas d’économie”.

La mobilisation a aussi été l’occasion de défendre la dimension culturelle de la vigne. “Le vin n’est pas l’ennemi, il est culture, il est patrimoine, a lancé Jérôme Despey. On ne renonce pas à un patrimoine vivant pour satisfaire la morale de quelques militants hors sol”. A la ministre, il demande une réponse rapide. “Nous exigeons un prix rémunérateur obligatoire et immédiat” ainsi qu’un “véritable plan d’action pour la filière”. Un message martelé alors que “pendant que nos caves se vident, la France importe du vin”.

Manifestations des viticulteurs le 15 novembre à Béziers ©G.G

La simplification des normes figure également parmi les priorités. Les syndicats appellent à alléger les contraintes administratives, à supprimer certains prélèvements jugés inadaptés et à adapter la réglementation aux réalités méditerranéennes, notamment pour l’accès à l’eau, les zonages ou les assurances récolte. “Sans eau, ni vigne ni fruits ni légumes. C’est une condition d’existence. Bloquer l’accès à l’eau c’est condamner l’agriculture”, affirme le président de la FNSEA. La dénonciation de la “surtransposition” des règles européennes a été largement reprise dans le cortège.

Selon la préfecture de l’Hérault, en fin de cortège, deux poubelles ont été incendiées et des projectiles ont visé les forces de l’ordre. Une personne a été interpellée pour jets de projectiles, tandis qu’une autre a fait l’objet d’une vérification d’identité. Deux policiers ont été légèrement blessés, l’un lors d’une chute au moment de l’interpellation et l’autre touché par une pierre. Un passant a également été atteint à l’œil par un débris provenant d’une poubelle en feu. Les autorités ont maintenu un important dispositif pour la soirée et la nuit, 700 policiers et gendarmes, appuyés par six unités de force mobile, des moyens aériens, un engin lanceur d’eau et des effectifs de gendarmerie montés, sont mobilisés.

Après les actions de 2023 sur les autoroutes et à Narbonne, le choix de Béziers n’est pas anodin : c’est depuis cette ville qu’était partie en 1907 la grande révolte viticole. Plus d’un siècle plus tard, les manifestants espèrent que ce nouveau rassemblement marquera, lui aussi, un tournant.

Garlonn Gaud et A.G.
Photo : entre 4 000 et 7 000 viticulteurs en colère se sont mobilisés à Béziers ce 15 novembre 2025 ©G.G

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