Première région viticole de France avec 257 000 hectares de vignes, l’Occitanie fait face à une crise profonde selon les derniers chiffres clés 2025 de la Chambre régionale d’agriculture dévoilés le lundi 29 septembre. Charges en hausse, rentabilité en chute, aléas climatiques et marchés en berne fragilisent des exploitations déjà sous tension.
L’Occitanie détient le premier vignoble national, avec 257 000 hectares de vignes surtout concentrée dans l’Hérault, l’Aude et le Gard. Même si la viticulture représente 17% du chiffre d’affaires de la région Occitanie, la valorisation des vins reste difficile. C’est ce qui ressort des derniers chiffres communiqués par la Chambre régionale d’agriculture d’Occitanie, lors d’une conférence de presse le lundi 29 septembre à Montpellier.
“La hausse des charges opérationnelles et des intrants ainsi que le coût de la main d’œuvre ont des répercussions sur les exploitations, la rentabilité a baissé”, explique Sabine Calmettes, chargée de mission stratégie et aides économiques aux exploitations agricoles de la chambre d’agriculture de l’Aude. Quand les charges augmentent de 11% ou de 14% pour les coopératives et les caves particulières, la rentabilité recule de plus de 30%.
“La complexité est de trouver des acheteurs plus que de négocier des prix”, explique l’experte qui souligne les difficultés de trésorerie et un risque financier qui progresse : 41% des exploitations dépassent le seuil d’alerte. “Il est difficile de trouver les ressorts pour permettre aux exploitations de revenir dans le vert.”
Une conjoncture compliquée
“Les prévisions de récolte pour 2025 sont historiquement faibles cette année encore, avec un marché écrasé par une crise structurelle”, se désole Sabine Calmettes, qui fait référence au printemps pluvieux qui a favorisé le mildiou et l’été chaud et sec qui a brûlé les cultures.
Surtout que la région Occitanie “est la plus impactée par l’évolution climatique, la sécheresse et la canicule”, selon Denis Carretier, président de la chambre d’agriculture régionale d’Occitanie, avec les incendies à répétition d’ampleur catastrophique comme dans l’Aude. Sans compter la conjoncture qui est mauvaise : taxe Trump, fin du marché chinois, menace d’un accord avec le Mercosur, “Il n’y a plus de marché en France pour le rouge, il faut réinventer des produits : blanc, rosé, sans alcool. Il faut se diversifier et chercher la valeur ajoutée. Du côté des charges, on a fait tout ce qu’il y avait à faire”, ajoute Denis Carretier.
“On va laisser viticulteurs sur le bord de la route”.
Car aujourd’hui, les volumes de vin produits ne sont plus adaptés au marché. L’arrachage de vignes semble devenir inévitable. “On va laisser viticulteurs sur le bord de la route”.
En Occitanie, avec près de 65 000 exploitations et 61 000 emplois, le revenu des agriculteurs est deux fois plus faible que la moyenne nationale. Ce revenu faible s’explique par des exploitations avec des tailles restreintes, un niveau de charge élevé et un coût de production plus élevé en raison des aléas climatiques. Mais aussi par ce que les exploitations “ont tendance à s’appauvrir” et “n’arrivent pas à renouveler le vignoble ou le matériel” selon Benjamin Devaux, de Cerfrance Occitanie.
Diversification et valeur ajoutée
Face à ces difficultés, les maîtres mots sont diversifications et produits à haute valeur ajoutée. “Les agriculteurs cherchent des solutions face aux aléas du marché et du réchauffement climatique. L’enjeu est d’avoir de l’eau et des acheteurs« , explique Sabine Calmettes qui prend pour exemple la pistache, l’amande, le chanvre et les agrumes, des filières en pleine construction dans la région.
Thea Ollivier
Photo : Denis Carretier, président de la chambre régionale d’agriculture d’Occitanie, a donné les chiffres 2025 sur la viticulture le 29 septembre. © T.O / Hérault Tribune
