Depuis 2022, l’association Narbonne-Ukraine tisse des liens forts avec Mykolaïv. Au départ pour soutenir dans l’urgence de la guerre cette ville portuaire. Et désormais sur d’autres plans, notamment économiques, pour préparer l’après. Ces jeudi 25 et vendredi 26 septembre, deux spectacles caritatifs et de haute volée animent l’Arena.
Le 24 février 2022, la Russie envahit l’Ukraine, déclenche une guerre de grande échelle, sème le chaos, surprend le monde et inquiète l’Europe qui entend à ses portes le bruit des bottes. Dans l’Aude, rapidement, Gilles Bourguignon se mobilise et, avec un petit groupe de bénévoles, met l’association Narbonne-Ukraine sur les rails pour parer au plus pressé, à l’urgence humanitaire. Plusieurs convois quittent le Languedoc et se rendent à Mykolaïv apporter matériels, vivres et soins.
Puis le temps passe, les liens entre les deux villes gagnent en épaisseur alors que le conflit, loin de faiblir, perd un peu de sa médiatisation. Pendant deux soirs, ces jeudi 25 et vendredi 26 septembre, la délégation venue d’Ukraine rappelle que la guerre n’est pas qu’un fond sonore venu des radios ou des télés de nos salons. Le temps de deux spectacles caritatifs, la scène de l’Arena accueille des artistes et des femmes de retour du front qui donnent un visage et rendent concrètes l’obscurité de la guerre comme la force de l’espoir. Ces visages rappellent aussi ce qu’est la fraternité. Elle est illustrée par les actions de l’association Narbonne-Ukraine comme par les liens, plus administratifs, qui unissent désormais Mykolaïv à Narbonne après la signature d’un accord de coopération entre les deux villes.
Un accord de coopération
Jeudi 25 septembre, quelques heures avant de lancer la première soirée caritative de l’association Narbonne-Ukraine, les deux maires, Oleksandr Senkevytch et Bertrand Malquier, ont apposé leur signature sur un accord de coopération. Il permet de poser les jalons d’un jumelage et d’établir un cadre pour des échanges culturels et éducatifs, un partage d’expériences et de savoir-faire, un renforcement des liens économiques et humanitaires et des partenariats concrets. « Cet accord ouvre la voie au développement et à la reconstruction de notre ville », s’est réjoui le maire ukrainien, signe que la collaboration entre les deux villes (et le Grand Narbonne) s’inscrit dans la durée et pense à l’après-guerre.
Car malgré des différences d’échelle notables (Mykolaïv compte environ 500 000 habitants), les deux agglomérations ont construit des intérêts communs. Culturels et sportifs mais aussi économiques, notamment entre leurs infrastructures portuaires.
Un lien entre deux ports
Port-la-Nouvelle pourrait, par exemple, accueillir sur ses terminaux fraîchement modernisés des volumes céréaliers en provenance de Mykolaïv, qui était avant-conflit la deuxième place portuaire d’Ukraine. De son côté, le port ukrainien, spécialisé notamment dans l’huile, ouvrirait un nouveau marché, bienvenu au sortir d’une guerre.
« Le point de départ de cet accord de coopération, c’est évidemment nos ports, détaille Bertrand Malquier. Les potentiels de développement existent à Port-la-Nouvelle comme à Mykolaïv et nous pouvons accompagner les différents acteurs. » Son homologue ukrainien acquiesce : « On se doit de penser à l’après. On va devoir se concentrer par exemple sur la logistique avec Narbonne pour reconstruire la ville. Nous avons besoin d’apprendre de l’expertise européenne mais nous aurons aussi une expérience à partager sur comment on vit pendant la guerre. Cet accord vient consolider les ponts déjà construits entre nous et promet un beau partenariat pour l’avenir », poursuit Oleksandr Senkevytch.
Un échange qui s’inscrit sur le long terme (la convention est établie sur cinq ans) et qui puise donc ses racines sur l’élan premier de Gilles Bourguignon, président de Narbonne-Ukraine. Un souffle solidaire que mettait d’ailleurs en avant, parce que c’est sûrement le plus important, Bertrand Malquier à la tribune de l’Arena dans son discours d’ouverture de la soirée caritative: « Nous sommes, ce soir, rassemblés pour donner du sens à ce qui nous unit ! La solidarité, la fraternité. » Plus tôt, Gilles Bourguignon, président de l’association Narbonne-Ukraine, était revenu dans un clin d’oeil sur cette union : « C’est un mariage entre nous désormais. Et on dit qu’on s’unit pour le meilleur et pour le pire. Nous, on a commencé par le pire avec cette terrible guerre et on espère à présent que le meilleur est devant nous. »
Arnaud Gauthier
Photo principale : les deux soirées caritatives de l’association permettent de mettre en lumière l’art ukrainien, de découvrir des visages et de financer les actions de l’année. ©A.G.
