Séverine Keck est la très positive créatrice de l’association Il était une fois les Rooses qui accompagne et soutient les femmes touchées par un cancer. Rencontre à l’occasion d’octobre rose.
« J’ai eu le cancer du sein, diagnostiqué en 2021. En 2022, on m’annonce la rémission. Et en janvier 2023, j’ai fait une récidive osseuse. On me l’a annoncé lors d’une IRM puis on m’a laissé comme ça, sans réponse pendant quatre jours. Je suis allée voir un notaire avec mon mari : j’ai fait mon testament. » Le cancer, les traitements, les bonnes nouvelles, les mauvaises annonces, Séverine Keck a tout traversé face à cette maladie mise en lumière durant ce mois d’octobre rose. Un crabe face auquel elle se bat, pas seulement 31 jours par an, mais depuis des années et avec une force, un optimisme, une bonne humeur communicative. Exceptionnelle. Une énergie positive qui l’a conduite voilà plus de deux ans à créer l’association Il était une fois les Rooses, qui accompagne et soutient les femmes, notamment celles qui se sentent perdues face au cancer en récoltant des fonds et proposant des animations, ateliers et échanges toute l’année.
« Cette association, c’est une force, c’est ma mission »
Séverine Keck, c’est une figure incontournable de la lutte contre le cancer dans le Narbonnais. Son dynamisme coloré, son punch pétillant la poussent au quotidien à transformer chaque obstacle en opportunité. C’est ainsi qu’en 2023, elle crée l’association Il était une fois les Rooses. On vient de lui annoncer une rechute sévère, alors qu’elle pensait être libérée de son cancer du sein. Aujourd’hui, l’association accompagne 39 femmes audoises touchées par le cancer et sous traitement.
« Cette association, c’est une force, c’est ma mission à fond. On est là pour soutenir, accompagner parce qu’il n’y a pas de structure qui le permette. Ou alors sur des horaires de bureau, ils ne sont pas disponibles le soir ou les week-ends. Malheureusement, on ne choisit pas les jours ni les moments où on ne se sent pas bien. Avec l’association, nous avons un groupe Whatsapp sur lequel on peut parler à toute heure. Cette possibilité d’échanger peut paraître futile, elle est en réalité primordiale », explique Séverine Keck.
« Ce n’est pas avec mon gamin de 9 ans que j’ai pu échanger »
Une présidente qui est passée par de nombreuses phases face au cancer et qui connaît l’utilité de ces moments d’échange. Surtout l’accompagnement lors de l’annonce : « On ne peut pas forcément en parler à la famille parce qu’on a envie de les préserver. J’ai un fils de 14 ans donc il m’a connue avec le cancer quand il avait 9 ans. Ce n’est pas avec mon gamin de 9 ans que j’ai pu échanger. Ni avec mon mari parce qu’avec les proches, et c’est bien normal, la peur prend rapidement le dessus. Alors que là, avec les filles de l’association, on est un soutien. Il n’y a pas de jugement, il n’y a pas de « cancer signifie mort »… Non, on vit, on se soutient et c’est important. »
Gérer sa famille, la maladie et animer une association, voilà de quoi remplir l’agenda de Séverine. Peut-être trop même ? Elle coupe immédiatement : « Ça me fait beaucoup de bien. Alors oui, on me dit souvent « tu en fais trop, tu fais trop de choses ». Mais je fais ce dont j’ai besoin. C’est un besoin et ça me donne beaucoup de force. »
À 38 ans, elle a dû apprendre à vivre autrement
L’association compte aujourd’hui 63 membres, dont 39 femmes sous traitement, 39 femmes audoises qui sont touchées par un cancer. Quelques hommes sont présents mais ils ne font pas partie du groupe WhatsApp… « parce que ça parle plutôt filles, cancers, petits soucis. Il y a des choses pour lesquelles on a envie de parler entre femmes. Et comme ça, avec nos familles, on parle d’autres sujets. Entre femmes sous traitement, on se comprend, on se donne des astuces, des conseils et on organise des petites sorties. »
Du yoga, de la marche au Parc des sports, de la piscine… « Excellent, la piscine d’ailleurs, s’enthousiasme la présidente. Nager c’est très bénéfique pour travailler tout le corps, mais en douceur, sans impact. Moi, je n’ai pas le droit aux impacts. À 38 ans, j’ai appris à vivre autrement parce que je vis avec le cancer et sous traitement. Je suis sous chimiothérapie tous les jours… Mais toutes ensemble, on est très positive. Quand on dit que le mental, le moral fait beaucoup, c’est vrai, c’est totalement vrai. »
« Le positif attire le positif »
Alors tout n’est pas toujours aussi rose et Séverine avoue volontiers avoir « des fois des petits coups de mou. Quand j’ai mes examens, je suis contrôlée tous les trois mois, j’ai un scanner tous les trois mois, on a toujours un peu le flip, l’angoisse. Mais on reste positif parce que la devise dans l’association, c’est le positif attire le positif. »
Et surtout, la créatrice de l’association a appris à positiver : « J’aurais très bien pu ne plus être là. Quand on m’a annoncé la récidive, on m’a laissé trois mois. Avant cela, je me plaignais de mal de dos, on m’a prescrit des antalgiques, des séances chez un psy. Mais je sentais bien que quelque chose de grave se passait dans mon corps. Le 28 décembre 2022, ma prise de sang n’était pas bonne. Mais je le savais. C’est comme quand on porte la vie. On le sent. En quelques jours, pour moi, c’était la panique. Aujourd’hui, j’ai un cachet qui me stabilise. Ce sera toujours comme ça. J’ai un cancer chronique mais 15 ans plus tôt, je serais déjà morte ! » Retenir le positif, toujours et encore.
Arnaud Gauthier
Photo : Séverine Keck, lors du vernissage de l’exposition à l’Atrium Creative Gallery, au début de l’été 2025. ©A.G.
Pratique : Il était une fois les rooses possède une page Facebook. L’association propose des activités et ateliers toute l’année (Tél. 0624580015). Entre autres récoltes de fonds, un pourcentage sur la vente des oeuvres de Myriam Soufane, Jean-Pierre Boisard et Richard Robillard, exposées au bâtiment l’Atrium Creative Gallery à Narbonne sera reversé à l’association.
