Dans son rapport publié le 26 juin, l’Insee dévoile un chômage élevé dans la région. Notamment dans l’Aude et l’Hérault avec un taux à 10,1%. Contre une moyenne de 8,7% en Occitanie et 7,3% en France métropolitaine. Le département des Pyrénées-Orientales compte le chômage le plus élevé de France avec 12,1 %.
L’Insee passe au crible l’économie en Occitanie, qui résiste malgré un contexte d’incertitudes, dans un rapport publié le 26 juin. Dans la région, l’activité progresse faiblement en 2024 avec une augmentation de 0,2% d’heures rémunérées par rapport à 2023. Dans l’Hérault et dans l’Aude, les heures rémunérées stagnent respectivement de 0 et –0,1% entre les quatrièmes trimestres 2023 et 2024. En 2025, le ralentissement de l’activité se poursuit avec une baisse de 0,3% en moyenne au premier trimestre sur l’ensemble du département.
“L’Occitanie ne fait pas exception en France. Elle résiste grâce à ses atouts industriels qui boostent l’emploi mais elle doit faire face aux grandes caractéristiques nationales que sont la faible construction et la faible consommation des ménages”, analyse Katia Le Goaziou, cheffe du service Études et diffusion chez Insee Occitanie.
Dans l’Hérault, un chômage toujours élevé
“Le ralentissement de l’activité fragilise l’emploi en Occitanie”, remarque François Hild, chef de projets à la direction régionale de l’Insee. Entre fin 2023 et fin 2024, 3 500 emplois ont été créés dans la région, soit une hausse de 0,2% par rapport à 2023.
“L’emploi est porté par les services non marchands (+0,7%) et par l’industrie aéronautique (+1,6%) mais on observe un coup de frein pour les activités tertiaires dans la filière comme l’informatique”, constate M. Hild. Au contraire, les activités d’intérim font dégringoler l’emploi de -7,4% et le secteur de la construction connaît aussi une baisse de -2,5% de l’emploi. Et ça ne va pas mieux en 2025 avec une perte de 1 300 emplois sur le premier trimestre dans le secteur de la construction et de 2 700 emplois dans le tertiaire marchand.
Les taux de chômages sont en conséquence particulièrement élevé sur le littoral, avec en tête les Pyrénées orientales avec 12,1% de chômeurs au quatrième trimestre 2024, ce qui en fait le département avec le taux de chômage le plus élevé de France. Juste après viennent à égalité les départements de l’Hérault et de l’Aude avec un taux à 10,1%. Contre une moyenne de 8,7% en Occitanie et 7,3% en France métropolitaine.
“Le taux de chômage est structurellement élevé dans l’Hérault, dans la lignée des département du littoral. Ça s’explique par des quartiers précaires au sein du département. Ce n’est pas un décrochage ni négatif ni positif”, explique Mme Le Goaziou. “Au-delà des zones de précarité, le dynamisme démographique est particulièrement important dans l’Hérault. Le dynamisme de l’emploi n’est pas assez immédiat pour absorber de flux de nouveaux habitants”, ajoute M. Hild.
La construction en berne
« Le secteur de la construction est particulièrement en difficulté en termes d’emplois et d’activités, notamment à cause d’une baisse de construction de logements neufs à cause des taux de crédit immobilier élevés”, constate M. Hild.
Avec 31 300 logements mis en chantier en 2024, c’est une baisse de –5% par rapport à 2023. La baisse est de –22% pour les logements individuels et de -11% pour les logements collectifs.
“L’Insee ne fait que constater la baisse de construction de logements qui ne sont pas suffisants. Il faudrait construire 37 000 nouveaux logements par an dans la région et on n’y est pas”, considère Mme Le Goaziou.
“Il n’y a pas d’évolution forte dans la partie travaux publics. D’habitude, avant les élections, les municipalités lancent des travaux et c’est un regain des travaux dans le secteur public mais on ne le voit pas cette année. Est-ce que c’est un attentisme local ou des restrictions budgétaires ? Ce n’est pas à nous de le dire mais il n’y a pas de dynamisme qui semble se profiler en 2025”, remarque Lionel Doisneau, statisticien économiste.
-9% pour la viticulture
L’autre secteur en difficulté est l’agriculture. “Surtout pour les productions végétales. À cause des conditions climatiques”, précise M. Hild. La viticulture voit alors ses volumes de production en baisse de -9% et les grandes cultures subissent à la fois des faibles rendements et une baisse des prix. La production animale s’en sort un peu mieux avec des prix de vente à la hausse malgré quelques soucis sanitaires. Le canard gras connait un rebond grâce à la fin de grippe aviaire.
Le tourisme stagne mais baisse à la montagne
En 2024, la fréquentation des hébergements touristiques stagne à 55,2 millions de nuitées en 2024, comme en 2023. Elle est portée par les campings (+0,3%) malgré une baisse des hôtels (-0,1%) et des autres hébergements collectifs (-0,6%).
Mais l’inquiétude de l’Insee se focalise sur la baisse de la fréquentation durant la saison d’hiver qui court de décembre 2024 à fin mars 2025 : 5,5 millions de nuitées ont été enregistrées, soit 10% de la fréquentation annuelle. Et –4,2% par rapport à la saison 2023-2024. Les territoires de montagne sont particulièrement touchés, avec une baisse de -5,2% de fréquentation dans les Pyrénées par rapport à l’année précédente.
Les nuitées de la saison d’hiver sont sauvées par une fréquentation qui résiste dans les métropoles de Toulouse et de Montpellier, où elle augmente même légèrement malgré une baisse du tourisme d’affaire. “C’est le tourisme de loisir qui permet au tourisme de résister dans les métropoles”, indique M. Hild. Mais ces chiffres s’effondrent dans les centres urbains en dehors des métropoles. Et la situation n’est pas meilleure sur le littoral. “Malgré l’augmentation des touristes venus de l’étranger, la baisse de fréquentation des touristes résidant en France est trop grande.”
Thea Ollivier
Photo : la construction est en berne dans la région. ©HT